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Nordahl Lelandais, tueur en série ? Plusieurs affaires non résolues rouvertes


Une cellule de coordination a été créée mi-janvier au pôle judiciaire de la gendarmerie nationale, pour procéder à des recoupements. (illustration AFP)

Après Maëlys, Arthur Noyer. L’étau se resserre autour de Nordahl Lelandais après les bribes d’aveu arrachées sur son implication dans ces deux morts, tandis que plusieurs disparitions dans la région sont réexaminées à la lumière de son parcours.

Pour la deuxième fois en moins de deux mois, l’ancien-maître chien de 35 ans a reconnu avoir tué. Là encore, lors d’une journée avec un transport sur les lieux où les restes des victimes reposaient. Dans quelles circonstances est mort le caporal Noyer, 23 ans, dans la nuit du 11 au 12 avril 2017 ? Rien n’a filtré des déclarations de celui qui a été mis en examen le 20 décembre pour « assassinat », une qualification qui implique la préméditation.

Le parquet de Chambéry ne fera aucune communication, en accord avec les juges d’instruction, a-t-il indiqué vendredi. Sollicités, ni Me Alain Jakubowicz, avocat du prévenu, ni Me Bernard Boulloud, avocat des parents d’Arthur Noyer, n’avaient répondu à la mi-journée.

En décembre, le suspect niait toute implication dans la disparition du jeune homme, intervenue au terme d’une soirée en boite de nuit dans le centre de Chambéry et alors qu’il cherchait à regagner sa caserne du 13e Bataillon de chasseurs alpins. Puis, confronté à une analyse qui révélait que son téléphone et celui de la victime bornaient en même temps et se déplaçaient à la même vitesse, Lelandais avait reconnu le 5 février « l’avoir pris en stop » dans sa voiture.

Cette même Audi qui reviendra dans le dossier Maëlys. Dans cette autre disparition, c’est aussi acculé par la découverte d’une preuve accablante – une infime trace de sang de la fillette dans son coffre – qu’il avait fini par avouer le 14 février l’avoir tuée « accidentellement ». Il avait nié farouchement tout rôle dans cette disparition, depuis sa mise en examen début septembre, quelques jours après la tragique soirée de mariage à Pont-de Beauvoisin. Dans ce dossier, il est poursuivi pour « meurtre », qui implique une intentionnalité mais pas de préméditation. Lors de son dernier interrogatoire à Grenobe le 19 mars, il a commencé à fournir « ses explications » sur la mort de l’enfant, dont rien n’a filtré jusqu’à présent.

Une cellule spéciale créée

Avec une, puis deux affaires, où Nordahl Lelandais fait figure de suspect numéro un, de nombreuses familles de disparus veulent savoir si son chemin a pu croiser celui de leur proche. Une cellule de coordination, baptisée Ariane, a été créée mi-janvier au pôle judiciaire de la gendarmerie nationale à Pontoise, pour procéder à des recoupements.

Au parquet de Grenoble, quatre affaires non résolues ont été rouvertes : celles de Nicolas Suppo, 30 ans, disparu en 2010 en quittant son lieu de travail; de Malik Boutvillain, schizophrène de 32 ans en 2012 à Echirolles ; de Stéphane Chemin, 33 ans, disparu en 2012 à Bourg d’Oisans après s’être enfui de l’ambulance qui l’emmenait à l’hôpital; de Georgette Bonnet, 79 ans, partie randonner de La Chapelle-du-Bard, non loin de l’endroit où le crâne du caporal Noyer a été retrouvé. A Valence, on s’intéresse à la disparition de Nelly Balmain, 29 ans, partie en scooter en août 2011 à Jean-en-Royans et celle d’Eric Folay, 48 ans, disparu le 16 septembre 2016 à Chatuzange-le-Goubet alors qu’il partait faire des courses. Dans ce dossier, l’avocat de son compagnon, Me Boulloud, qui est aussi celui des parents Noyer, a déposé une plainte contre X pour arrestation, séquestration, détention arbitraire avec constitution de partie civile.

Une telle procédure ouvre « automatiquement » une information judiciaire, a rappelé le procureur de Valence, Alex Perrin. C’est la même procédure qui a été utilisée à Albertville début mars par les familles de deux disparus au Fort Tamié (Savoie) après un festival de musique électronique: Jean-Christophe Morin, 22 ans, en septembre 2011 et Ahmed Hamadou, 45 ans, en septembre 2012. A Nîmes, la justice enquête sur les disparitions en 2009 de Coralie Moussu, 32 ans, de Lucas Tronchye, 16 ans, le 18 mars 2015 à Bagnols-sur-Cèze et d’Antoine, 16 ans, en mars 2016 à Clarensac.

A ce jour, aucun élément ne vient officiellement étayer une implication de Lelandais dans ces dossiers. Il a été en outre mis hors de cause dans la disparition de la petite Estelle Mouzin, en mars 2003.

Le Quotidien/AFP