Le prix Nobel de chimie a été conjointement attribué mercredi au Français Jean-Pierre Sauvage, au Britannique Fraser Stoddart et au Néerlandais Bernard Feringa, inventeurs de minuscules « machines moléculaires ».
Jean-Pierre Sauvage, âgé de 71 ans, est professeur à l’université de Strasbourg. Il est le premier à penser ces nanomachines qu’il présente comme un « assemblage moléculaire capable de se mettre en mouvement de manière contrôlée en réponse à divers signaux : lumière, changement de température, etc ».
« De tels systèmes existent en grand nombre dans les cellules vivantes, et interviennent dans tous les processus biologiques importants », avait-il expliqué en 2008. A la base de sa découverte, il a lié deux molécules en forme d’anneau pour former une chaîne, appelée « catenane ». Le chercheur est un « prof émérite », souligne l’université de Strasbourg dans un tweet.
Décryptage scientifique des travaux de Jean-Pierre Sauvage prof émérite @unistra : #Nobelprizes #Chimie 2016 https://t.co/kLt4dr1gP9 pic.twitter.com/uyeGg9UhDm
— Univ_Strasbourg (@unistra) 5 octobre 2016
Le professeur fut aussi chercheur au CNRS de 1973 à 2009. Sa carrière, déjà auréolée de plusieurs prix, a été en grande partie consacrée au développement d’espèces moléculaires. Des « travaux d’avant-garde », a pour sa part salué le Premier ministre français Manuel Valls.
La Recherche française une nouvelle fois saluée par un #PrixNobel. Félicitations à Jean-Pierre Sauvage pour ses travaux d’avant-garde.
— Manuel Valls (@manuelvalls) 5 octobre 2016
Jean-Pierre Sauvage s’est dit « très surpris » tout en avouant « éprouver une grande joie ». « On ne peut pas avoir une récompense plus chic », a-t-il ajouté en riant. « Ce prix Nobel, c’est le cœur de la chimie. Il s’agit de fabriquer des molécules de synthèse, de les concevoir pour qu’elles aient des propriétés bien particulières, qui sont dynamiques. »
Les trois chercheurs mis à l’honneur « ont amené les systèmes moléculaires vers des états où, remplis d’énergie, leurs mouvements peuvent être contrôlés », a expliqué le jury Nobel. « Le moteur moléculaire se trouve aujourd’hui au même stade que le moteur électrique dans les années 1830, lorsque les scientifiques exposaient des manivelles et des roues, sans savoir que cela mènerait aux trains électriques, au lave-linge, aux ventilateurs et aux mixeurs. »
A terme, ces machines miniatures « seront très probablement utilisées dans le développement d’objets comme les nouveaux matériaux, les capteurs et les systèmes de stockage d’énergie ».
Le prix s’accompagne d’une récompense de huit millions de couronnes (832 000 euros). Il était allé l’an dernier à Aziz Sancar (Turquie/États-Unis), Paul Modrich (États-Unis) et Tomas Lindahl (Suède) pour leurs travaux sur la réparation de l’ADN.
Le Quotidien/AFP