Le Luxembourg du football grimpera dans un véritable grand huit émotionnel qui durera jusqu’en mars 2020, au moins, s’il bat le Belarus ce soir, lors de la 5e journée de la Nations League.
Au bout de cinq jours de huis clos, nous y voilà, à ce que tout le pays appelle, pas pompeusement du tout, le «match de football le plus important de l’histoire du pays».
Il y a quelque chose de magnifique dans cet intitulé, qui porte en lui plein de choses. Du rêve, de la pression, un avenir. C’est que ce match, s’il est couronné de succès, appellera justement à sa suite un nouveau «match le plus important de l’histoire », en Moldavie, trois jours plus tard, pour conquérir un très important statut de tête de série en vue de la suite de cette si motivante Nations League.
Puis un troisième, en mars 2020, pour arracher une finale, puis encore un dernier pour accrocher, in fine, le graal, l’Euro. La venue du Belarus, ce sommet inattendu de mi-novembre dans le froid et le brouillard, n’est que la partie immergée d’un gigantesque iceberg qui pourrait secouer le football luxembourgeois et, par extension, si les hommes de Luc Holtz vont au bout de leur logique révolutionnaire, le continent tout entier. Ce dernier s’était déjà ému de la qualification d’une Islande pour les grands tournois internationaux, ces dernières années. Que dira-t-il si l’élu de la Ligue D s’appelle le Grand-Duché, dont la crédibilité traîne des décennies d’humiliations en tous genres et que l’on ne finit toujours pas de citer, malgré ses progrès, comme un éternel perdant désigné?
Une occasion historique à saisir
C’est parce qu’on a envie de savoir que l’on en vient à relayer l’appel aux supporters de Luc Holtz, qui souhaite ardemment le soutien d’un douzième homme, ce soir, au stade Josy-Barthel.
«Parce que dans tout match il y a des temps forts et des temps faibles et que quand tu as un temps faible, un public, ça peut te pousser.»
Par pur esprit partisan, en acceptant de sortir du rôle normal d’un organe de presse et de sa neutralité, on se rangerait bien clairement, pour une fois, derrière la cause nationale sans interroger ce que cela peut vouloir dire. Pour être frontaliers avec la France et l’Allemagne, les Luxembourgeois savent mieux que personne le type de fierté passionnée que peuvent générer les grandes victoires, de celles qui donnent accès aux compétitions qu’ils voient généralement se dérouler sans eux. Grâce au F91 cet été, ils savent déjà ce que cela fait de sortir du ghetto pour nains dans lequel plusieurs réformes successives des Coupes d’Europe les avaient enlisés.
La Nations League pourrait avoir le même effet ce soir, au bout de 90 minutes face aux Biélorusses, qui admettent eux-mêmes une sacrée forme de pression dans leur pays. Une occasion comme celle-là ne se rate pas, elle se saisit. L’Histoire est aux portes.
Julien Mollereau
Les différentes scénarii de la soirée
• ILS PERDENT
Les chances de se qualifier ne seront pas encore nulles, mais c’est tout comme puisqu’il faudrait alors s’imposer dimanche à Chisinau contre la Moldavie et que le Belarus aille s’incliner à Saint-Marin, contre un adversaire qui n’a plus gagné depuis 30 matches internationaux, ce qui est une hypothèse hautement improbable.
• ILS FONT MATCH NUL
Il faudra alors très vraisemblablement aux hommes de Luc Holtz s’imposer contre la Moldavie pour se qualifier, et ce ne serait alors pas forcément avec un statut de tête de série en vue du tirage des demies.
• ILS GAGNENT
Alors non seulement ils auront déjà en poche leur qualification pour la demi-finale du 26 mars 2020 (finale le 31) mais il leur restera encore à conquérir un statut de tête de série qui pourrait aller de soi en cas de victoire en Moldavie. De plus, la FLF serait automatiquement promue en Ligue C pour la prochaine campagne de Nations League.