Un président du conseil de surveillance sur la sellette, de nouvelles accusations visant Audi : malgré ses efforts pour tourner la page, le géant européen de l’automobile Volkswagen est de nouveau confronté aux effets secondaires du dieselgate.
Le groupe, propriétaire de douze marques dont Seat, Skoda, Porsche et Audi, a annoncé dimanche que la justice allemande avait étendu son enquête sur une éventuelle manipulation de cours liée au scandale des moteurs diesel truqués à Hans Dieter Pötsch, actuel chef du conseil de surveillance et ancien directeur financier.
Cette enquête, ouverte en juin dernier, vise déjà Martin Winterkorn, l’ancien patron du groupe, et l’actuel directeur de la marque Volkswagen, Herbert Diess. Le parquet de Brunswick (nord) soupçonne le constructeur d’avoir informé trop tard les marchés financiers des conséquences et risques financiers liés à l’éclatement il y a plus d’un an du scandale des logiciels implantés dans 11 millions de véhicules du groupe pour fausser les mesures d’émissions polluantes.
Soutien des gros actionnaires
M. Pötsch, directeur financier du groupe depuis 2003, avait été nommé chef de l’organe de contrôle de Volkswagen en octobre 2015, quelques jours après les révélations du dieselgate.
Son accession à ce poste éminent lui avait valu de vives critiques de la part de petits actionnaires, dont certains lui reprochent d’avoir «fermé les yeux» sur la manipulation quand il était responsable des finances. Dans les premières séances ayant suivi les découvertes sur la tricherie en septembre 2015, l’action de Volkswagen avait dévissé de 40% en deux jours. Des investisseurs ont encaissé de grosses pertes et réclament maintenant des milliards d’euros à Volkswagen.
Volkswagen a réaffirmé dimanche sa conviction que son directoire de l’époque a «rempli ses obligations en matière de communication avec les marchés». Les principaux actionnaires que sont les familles héritières Porsche-Piëch, détentrices de 52% des droits de vote, et l’Etat régional de Basse-Saxe (20%), se sont empressés de réagir pour soutenir M. Pötsch, l’un des hommes forts du groupe.
Dans une réaction écrite de leur porte-voix Wolfgang Porsche, obtenue par l’AFP, elles affirment «être derrière M. Pötsch à 100%». «La présomption d’innocence vaut aussi pour M. Pötsch», a pour sa part déclaré le chef du gouvernement de la Basse-Saxe, Stephan Weil, en appelant à se garder des «conclusions hâtives» alors que l’enquête n’est pas encore close.
Audi et le CO2
Le même jour, le quotidien Bild a publié un article selon lequel l’autorité californienne de protection de l’environnement (Carb) aurait découvert récemment un nouveau logiciel illégal dans un modèle Audi équipé d’un moteur V6. Ce logiciel permettrait à certains véhicules de détecter automatiquement, en fonction de l’inclinaison du volant, s’ils roulent sur la route ou sur un banc d’essai, lorsque des contrôles sont effectués sur les gaz d’échappement. Selon Bild, le système réduirait artificiellement le niveau d’émission de CO2 dans le deuxième cas.
Audi n’a pas souhaité commenter ces informations, renvoyant à des discussions en cours avec les autorités américaines. Ces révélations tombent on ne peut plus mal pour le groupe, qui négocie actuellement un accord aux Etats-Unis pour les derniers 80.000 véhicules concernés dans le pays par le scandale des moteurs truqués, et dont le moteur a été développé par la marque aux anneaux.
Par ailleurs, ces informations sont susceptibles d’ouvrir un nouveau front, le scandale ayant jusqu’ici principalement porté sur les émissions d’oxydes d’azote (NOx) et non sur les émissions de CO2, qui font l’objet d’une régulation plus stricte en Europe. A la Bourse de Francfort, les nouvelles du week-end pesaient sur l’action Volkswagen, l’une des rares valeurs dans le rouge. A 12H30 GMT, le titre glissait de 0,13% à 118,55 euros dans un marché en hausse de 1,48%.
«Les enquêtes ne sont jamais une bonne nouvelle», relevait Frank Schwope, analyste de Nord/LB interrogé par l’AFP, et les accusations visant Audi pourraient «engendrer de nouveaux coûts». M. Schwope continue de tabler sur une facture totale comprise entre 25 et 35 milliards d’euros pour la manipulation des moteurs du groupe Volkswagen. Son estimation comprend toutefois une «marge qui s’amenuise», prévient-il.
Le Quotidien/afp