Mossack Fonseca au Luxembourg : « Tout est complètement légal »

Avec 35 bureaux à travers le monde, le cabinet d’avocats Mossack Fonseca, au cœur du scandale Panama Papers, est présent au Grand-Duché depuis 2009. Le Quotidien a rencontré Samuel Fernandez Cortez, son responsable panaméen pour le Luxembourg, où le cabinet emploie quatre personnes.

Le Quotidien : Quelles sont les activités de Mossack Fonseca au Luxembourg?

Samuel Fernandez Cortez : Au Luxembourg, Mossack Fonseca est un cabinet d’avocats spécialisé dans le « corporate services provider » (un fournisseur de services, en français). Au Grand-Duché, nous représentons le siège de Monsack Fonseca qui se trouve à Panama. Dans ce cadre, nous servons d’intermédiaire entre nos clients ici et le siège, en facilitant la communication entre les deux. Nous sommes également ici afin d’être présents sur le marché luxembourgeois et faire la promotion de Mossack Fonseca sur la Place.

Quels types de services proposez-vous à vos clients au Luxembourg?

On propose différents produits. La liste se trouve d’ailleurs sur notre site internet. Par contre, au Luxembourg, nous ne proposons pas de domiciliation car nous n’avons pas de licence pour cela.

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Selon vous, alors que l’environnement économique luxembourgeois est assez favorable pour les entreprises, pourquoi ont-elles besoin de services comme ceux que proposent Mossack Fonseca?

Je ne sais pas. Il faut sans doute poser cette question aux entreprises. Par contre, nous ne faisons pas de conseil et les entreprises ne viennent pas nous voir en nous demandant de créer des structures offshore et nous ne vendons pas que cela. Les entreprises viennent aussi pour des questions portant sur la juridiction dans d’autres pays. Pour la partie « conseil », il y a d’autres intermédiaires comme des fiduciaires ou des cabinets spécialisés.

Quelle est votre opinion sur cette affaire, Panama Papers?

Ce que nous faisons est complètement légal. La question qui se pose, au final, c’est ce que font les entreprises avec de telles structures. Et cela n’est plus de notre ressort. Tout comme un fabriquant d’armes ou un constructeur automobile n’est pas responsable des infractions en lien avec une arme ou une voiture. Pour notre part, nous ne faisons que des services légaux.

Mais quand des clients vous sollicitent, sentez-vous parfois que c’est pour des raisons pas vraiment éthiques?

On peut quelques fois identifier certaines personnes dans ce cas. Et après de nombreuses vérifications, nous demandons à ces personnes de pouvoir justifier certains aspects afin que tout soit clair et légal encore une fois.

Le rôle de Mossack Fonseca expliqué en 3 minutes en vidéo

 

En admettant que tout soit légal, comprenez-vous le manque de moralité dans le processus de montage de société offshore au Panama?

Oui, je le comprends, mais de mon point de vue, le Panama est juste un pays qui pratique une taxation différente des autres pays. Une taxation plus avantageuse pour les entreprises, qui elles, peuvent alors « performer » de façon légale.

Cette révélation est partie du vol de plus de 11,5 millions de fichiers. Comment Mossack Fonseca va-t-il gérer ce vol?

Je n’ai pas personnellement géré le cas de ce vol qui date d’un an déjà. On m’a mis au courant, mais je n’ai pas plus d’informations que cela. Mais nos services internes au siège de la société mènent leurs investigations.

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Aujourd’hui, Mossack Fonseca est vu comme une « méchante » société, mais vous n’êtes pas la seule à proposer ces services ici au Luxembourg?

Effectivement, on est désormais considéré comme tel. Mais je suis sûr que si vous cherchez sur internet, vous trouverez très facilement de nombreuses sociétés comme la nôtre. Nous ne sommes pas ici pour jeter la pierre sur nos concurrents.

Vous êtes panaméen, donc vous êtes sûrement conscient que 25 % de la population du Panama vit en dessous de seuil de pauvreté, alors que des millions transitent par le pays. Quel est votre avis là-dessus?

Je pense que le problème est politique. Les entreprises financières, comme Mossack Fonseca, ne peuvent rien y faire à part donner des emplois aux Panaméens, tout comme l’a fait le canal de Panama. Mais dans le fond, je suis d’accord avec le fait qu’il y a trop de pauvreté au Panama.

Jeremy Zabatta

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