Les CRS présents lors du tir de lacrymogène à l’origine de la mort de l’octogénaire Zineb Redouane, en marge de manifestations à Marseille fin 2018, ont assuré devant les enquêteurs ne pas savoir qui d’eux avait tiré, a-t-on appris mardi de source proche du dossier.
Cinq CRS dotés de lanceurs de grenades, ainsi que le capitaine qui les dirigeait, ont été interrogés par l’IGPN. Ils se trouvaient sur la Canebière, à portée de l’immeuble de la victime, 80 ans, qui a été très grièvement blessée par une grenade alors qu’elle se trouvait à sa fenêtre, le 1er décembre. Elle était décédée deux jours plus tard à l’hôpital.
Au total 200 grenades ont été tirés par ces CRS ayant 8 à 22 ans d’expérience, a relaté leur supérieur dans une audition fin janvier, dévoilée par Mediapart et dont l’AFP a eu connaissance. Confrontés à des images de vidéosurveillance sur lesquelles un CRS fait un tir « en cloche », en direction de l’immeuble de Zineb Redouane, puis quelques secondes après prend du recul et regarde à plusieurs reprises en hauteur face à lui, tous ont assuré ne pas pouvoir identifier le tireur, en raison de la distance et de la qualité des images.
Trois récusent apparaître, dont l’un car il portait une barbe et un autre une cagoule et des lunettes, alors que le CRS n’en a pas sur les images, et deux ne se prononcent ni dans un sens ni dans l’autre. « Ces policiers, qui n’ont même pas été placés en garde à vue contrairement à l’usage, savent qui a tiré et font preuve d’une mauvaise foi évidente », a déclaré à l’AFP l’un des avocats de la famille Redouane, Me Yassine Bouzrou. Zineb Redouane avait été blessée mortellement un soir où plusieurs manifestations, dont les « gilets jaunes », avaient convergé puis dégénéré.
Elle est à ce jour la seule personne décédée en marge du mouvement pour laquelle la responsabilité de la police soit mise en cause.
LQ/AFP