« Un grand projet alternatif pour la France ». C’est ce que l’ancien ministre de l’Économie Arnaud Montebourg a proposé lundi aux Français de construire, dans ce qui apparaît comme le « premier pas d’une longue marche » vers la présidentielle, selon le mot d’un de ses proches.
S’exprimant au sommet du mont Beuvray, qu’il gravit chaque lundi de Pentecôte depuis 2004, l’ancien ministre a lancé à un an de la présidentielle un appel à tous les « Français qui souhaitent peser sur le destin de notre Nation et de notre continent ». « Je vous propose de bâtir dans les mois qui viennent un grand projet alternatif ».
« Alternatif aux appareils politiques et hors leur censure, et audacieux dans l’invention de notre futur. Alternatif à la pensée unique qui a fusionné la droite et la gauche, et créatif dans la recherche de solutions nouvelles », a précisé M. Montebourg, dans un discours d’environ vingt minutes, prononcé devant quelque 200 partisans.
M. Montebourg était entouré d’environ 200 personnes dont sa compagne, l’ancienne ministre de la Culture Aurélie Filippetti, son ami le député Patrice Prat et plusieurs députés socialistes « frondeurs », dont Laurent Baumel, Philippe Baumel, et Christian Paul, leur chef de file.
L’ancien ministre, qui se présente désormais comme un « entrepreneur » et un « citoyen libre », après avoir dû quitter le gouvernement en août 2014, a jugé « indispensable » que « la société civile (…), cette rivière souterraine (…) qu’on entend gronder sous nos pieds, surgisse enfin, se déverse comme une formidable intrusion dans le système politique » pour le changer.
« Le système politique est devenu une grande machine à trahir, il en est définitivement épuisé (…) Les responsables politiques veulent réformer la société, je proposerais d’abord que la société réforme le système politique et les responsables politiques », a-t-il lancé.
Un positionnement « hors système » qui n’a pas empêché Arnaud Montebourg de réaffirmer clairement son ancrage à gauche. « Je suis un homme de gauche », a-t-il proclamé, en se démarquant en creux de son successeur Emmanuel Macron, dont l’ombre de la candidature plane aussi sur 2017 et qui se dit « et de droite et de gauche ».
Et l’ancien ministre de développer, dans une longue anaphore en douze points, ce qu’est selon lui « être de gauche aujourd’hui ».
« Être de gauche, c’est considérer que le pouvoir politique doit être parfois supérieur au pouvoir économique. C’est vouloir faire prévaloir les décisions de la démocratie sur les excès de l’économie (…) C’est Roosevelt et Colbert », a notamment déclaré M. Montebourg, qui a cité pêle-mêle dans son panthéon 24 figures plus ou moins illustres, du sociologue Pierre Bourdieu au pape François en passant par la militante altermondialiste Naomi Klein ou l’ancien président François Mitterrand.
« C’est le début d’une longue marche. Il faut partir de son point de départ et s’adresser à son camp, à ces Français qui ont le coeur à gauche et qui se sentent abandonnés », a décrypté auprès de l’AFP le lieutenant de Montebourg, le conseiller régional François Kalfon.
Ce dernier a précisé qu’il y aurait « dans les prochains jours des précisions » sur la manière dont M. Montebourg entend « interpeller les Français (site web, logo) ».
Dans son discours, il a donné des indications sur son calendrier: « Prenons le printemps et l’été pour le faire (construire le projet, NDLR) ». Ensuite viendra le temps de « se décider sur les candidatures » – probablement à la faveur du traditionnel rendez-vous d’Arnaud Montebourg et de ses partisans à Frangy-en-Bresse, le 21 août.
Interrogé par la presse, l’ex-ministre a plaidé pour l’organisation d’une primaire à gauche: « Bien sûr qu’il faut une primaire. La primaire est l’outil par lequel les Français peuvent faire irruption dans un système complètement installé et figé (…) Deuxièmement elle permet de relégitimer un candidat de l’ensemble de la gauche (…) C’est l’airbag anti-21 avril ».
Il n’exclut au demeurant pas de se présenter hors de ce cadre, si les appareils partisans refusent d’organiser la primaire, selon ses proches.
Le Quotidien / AFP