« Il y a toujours un mélange de générations »: l’Espagne doit réussir le bon « dosage » entre jeunes pousses et vieux grognards rescapés de son âge d’or, fait valoir le sélectionneur Julen Lopetegui, chargé de ramener au sommet du football une « Roja » rajeunie lors du Mondial cet été.
A l’approche de l’annonce de sa liste (18 mai) et à un mois de l’entrée en lice face au Portugal (15 juin), le technicien a évoqué les défis de l’Espagne à l’occasion d’un petit-déjeuner avec plusieurs agences de presse internationales.
Un mélange jeunesse-expérience
Après le triplé historique Euro-Mondial-Euro entre 2008 et 2012, Lopetegui a été chargé en 2016 de rebâtir la « Seleccion », éliminée au 1er tour du Mondial-2014 puis en huitièmes de l’Euro-2016. Et qui de mieux qu’un ancien patron des Espoirs espagnols, champions d’Europe en 2013, pour mener ce rajeunissement ?
« Une sélection A est toujours un mélange de différentes générations », souligne Lopetegui. « Nous essaierons de faire en sorte que ce dosage soit bon. »
Pour le moment, la recette semble fonctionner puisque l’équipe est invaincue en 18 matches. Et aux côtés des cadres (Iniesta, Silva, Busquets, Piqué, Ramos…) ont émergé de belles promesses: Isco, Thiago Alcantara, De Gea, Asensio…
« Les jeunes joueurs qui ont des capacités et le mental nécessaire doivent se montrer. S’ils sont là, c’est parce qu’ils ont la mentalité suffisante pour faire leur trou », estime Lopetegui.
Un style de jeu intangible
L’Espagne a ébloui la planète avec son jeu de passes emblématique (« toque » ou « tiki-taka ») et pas question d’en changer, prévient Lopetegui.
« Nous essayons de savoir très clairement ce que nous voulons et comment nous voulons jouer », explique le sélectionneur.
Il faut dire que ce style s’adapte aux petits gabarits très techniques de l’Espagne. En cela, le sélectionneur se veut un continuateur de l’oeuvre de Luis Aragonés (2004-2008) et Vicente del Bosque (2008-2016).
« Nous avons hérité d’une sélection en très bonne santé », observe-t-il. « Nous essayons de profiter de ce legs et de continuer à grandir. »
Des ambitions inavouées
Julen Lopetegui refuse de fixer un objectif concret pour son équipe, fustigeant les « analyses simplistes ».
« Le Mondial ne se gagne que sur le rectangle vert », tranche-t-il.
Mais son discours, entre les lignes, se veut ambitieux.
« Nous travaillons pour qu’arrive ce que nous voulons qu’il arrive », prévient le sélectionneur. « Nous allons essayer d’être équilibrés, préparés mentalement et d’arriver avec la ferme conviction que nous voulons être protagonistes. »
Un groupe B très relevé
Portugal-Espagne, voilà l’affiche du groupe B du Mondial entre les deux derniers champions d’Europe, le 15 juin, et l’horizon immédiat de Lopetegui.
« Ils ont un entraîneur très expérimenté (Fernando Santos), ils ont gagné le dernier Euro avec un mélange de générations intéressant », note le Basque… sans minimiser les adversaires suivants.
« L’Iran est la meilleure équipe d’Asie, et de loin, sur les six dernières années. Sur le dernier Mondial, l’Argentine avait beaucoup souffert pour les battre » (1-0), relève Lopetegui.
« Quant à l’équipe du Maroc, elle a un talent individuel très important. Cela a toujours été le cas des joueurs marocains mais cette génération encore davantage. Leur entraîneur Hervé Renard a su mettre de l’ordre, il a une grande expérience des équipes africaines et a gagné deux fois la CAN », énumère-t-il.
« Bref, nous affrontons le champion d’Europe, la meilleure équipe d’Asie et la meilleure équipe d’Afrique », résume le technicien, sur ses gardes.
Une liste sans trop de doutes
Le 18 mai à Madrid, Julen Lopetegui doit annoncer sa liste de joueurs retenus pour le Mondial, avec un leitmotiv: « Emmener les joueurs dont j’estime qu’ils vont nous aider à gagner les matches ».
Si cet ancien gardien de but (51 ans) reconnaît qu’il n’a pas de star du calibre de Cristiano Ronaldo ou Lionel Messi, il dispose d’un beau vivier et d’une ossature déjà définie.
« Je suis amoureux de mes joueurs », lance-t-il. « Et nous sommes conscients du fait que nous gagnerons des matches en tant qu’équipe, avec le sentiment collectif d’une équipe, en offrant à l’équipe le meilleur de chaque individualité. »
Parmi les quelques dilemmes du sélectionneur, le poste d’avant-centre (Diego Costa, Rodrigo, Morata…) ou la doublure de la sentinelle Sergio Busquets.
« C’est vrai qu’à certains postes il y a quelques doutes », admet-il. « Nous essaierons d’être le plus honnête possible, en fonction de notre responsabilité et de nos objectifs. »
Le Quotidien / AFP