À pied, à vélo, en tracteur : les opposants à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes se sont mobilisés en masse samedi sur le site prévu pour le projet au nord de Nantes, leur première grande manifestation depuis l’annonce d’un référendum sur le sujet par François Hollande.
Quelque 15.000 personnes selon un chiffrage définitif de la préfecture, 50.000 selon les organisateurs, ont défilé dans le calme sur les axes Nantes-Rennes et Nantes-Vannes – entourant ainsi le périmètre du futur aéroport – avant de converger vers le Temple-de-Bretagne.
« Cette manifestation est importante pour montrer notre détermination et montrer aux politiques que nous sommes les plus nombreux », a lancé un porte-parole de la Coordination des opposants à l’aéroport, Dominique Lebreton, dans une allusion au référendum annoncé par le président pour trancher ce dossier vieux de près d’un demi-siècle, dont Aéroports du Grand Ouest (AGO), filiale de Vinci, a été désigné concessionnaire.
« Nous avons le devoir de conserver ces terres et ces paysans pour produire l’alimentation de demain », a-t-il poursuivi, depuis un camion-tribune, avant de faire scander à la foule « Vinci dégage! »
« Ce projet de référendum peut être une énième entourloupe qui a une apparence démocratique mais on ne fait pas un référendum sur un dossier mensonger depuis le début », a dénoncé pour sa part Françoise Verchère, coprésidente du Collectif des élus doutant de la pertinence de l’aéroport (Cedpa), sur une quatre-voies Nantes-Vannes noire de monde sur plusieurs kilomètres.
Sous un froid soleil et dans une ambiance de kermesse, les manifestants, pour certains à vélo ou à bord d’une quarantaine de tracteurs arborant de grandes pancartes « Paysans Oui, Avions Non », s’étaient d’abord symboliquement rassemblés sur les sites où doivent commencer la construction de deux échangeurs.
« On a jamais vu une mobilisation comme ça à Notre-Dame-es-Landes », s’est félicité Dominique Fresneau, coprésident de l’Acipa, l’une des principales associations d’opposants à l’aéroport, qui a indiqué que 60 cars de manifestants, venus de toute la France, ont convergé vers le site du projet d’aéroport samedi.
Alain Adriaens, lui, a fait le déplacement depuis Bruxelles, « parce que Notre-Dame-des-Landes est un symbole, on vous regarde de partout dans le monde (…). je trouve que ce combat est important et je viens le soutenir », a-t-il expliqué.
« Contre le bétonnage »
Pour un autre manifestant, Jean Bernard, juché sur son vélo, la mobilisation « va bien au-delà » de la contestation de l’infrastructure aéroportuaire, « c’est tout un système qu’on veut combattre », explique-t-il, se disant écoeuré par « ce système de pouvoir, de l’argent ».
« On voit bien qu’il y a une mobilisation citoyenne de toute la France. Quand Jean-Marc Ayrault veut le concentrer sur Nantes ou le bocage de Notre-Dame-des-Landes, on voit que c’est beaucoup plus vaste que ça et que les gens sont là pour soutenir les expulsés mais aussi pour un projet de société, contre le bétonnage des terres agricoles », renchérit Sylvain Fresneau, un agriculteur expulsable.
A l’origine, la mobilisation de samedi vise à combattre l’expulsion des 15 derniers habitants historiques de la surface prévue pour l’infrastructure, qui ont vu leurs derniers recours rejetés par la justice fin janvier.
Depuis cette décision, le président de la République a annoncé, le 11 février, l’organisation d’un référendum et le Premier ministre Manuel Valls a dit son souhait de lancer les travaux dès octobre en cas de victoire du « oui ».
Mais ni la date, ni la question exacte, ni le périmètre (la Loire-Atlantique ou la région Pays de la Loire, voire la Bretagne) de cette consultation, qui pose de complexes questions juridiques, et qui n’a pas été beaucoup plus appréciée par les partisans du projet d’aéroport, n’ont été tranchés.
En février 2014, au moins 20.000 personnes s’étaient rassemblées dans le centre-ville de Nantes pour dire non à l’aéroport, donnant lieu en parallèle à des violences et des dégradations.
Les opposants ont déjà réussi une démonstration de force le 9 janvier, en réunissant entre 7.200 et 20.000 personnes sur le périphérique nantais.
Le Quotidien / AFP