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Mensonge et fraude fiscale : Jérôme Cahuzac face aux juges


Jérôme Cahuzac est de retour sur le banc des prévenus après plusieurs mois d'interruption de son procès. (Photo AFP)

Près de quatre ans après un retentissant scandale, le procès de Jérôme Cahuzac s’est ouvert lundi. L’ancien ministre français du Budget est jugé pour avoir possédé un compte à l’étranger et trompé pendant des années le fisc français.

A l’ouverture du procès en février, les Cahuzac avaient tenté d’échapper aux poursuites pour fraude fiscale, dénonçant une « double peine » alors qu’ils avaient déjà accepté un redressement fiscal majoré de 2,3 millions d’euros. Les débats avaient été interrompus, le temps pour le Conseil constitutionnel de trancher : en juin, les Sages validaient le cumul des poursuites pénales et des sanctions administratives « dans les cas de fraudes les plus graves ».

L’audience a donc repris lundi en début d’après-midi. Le ministre déchu a cette fois échappé à la foule de micros et caméras qui le guettait en évitant l’entrée principale pour gagner la chambre des criées, une des plus belles salles d’audience du palais de justice. L’ancien champion de la rigueur budgétaire, 64 ans, doit comparaître jusqu’au 15 septembre devant le tribunal correctionnel de Paris pour fraude fiscale et blanchiment, ainsi que pour avoir « minoré » sa déclaration de patrimoine en entrant au gouvernement en 2012.

C’est le procès du mensonge, celui d’un homme aux multiples visages enferré dans ses secrets : Cahuzac, le ministre qui bataillait pour le redressement de l’État, pendant que « Birdie » avait un compte en Suisse et se faisait livrer du cash dans la rue. La démission de l’ancienne étoile montante socialiste en mars 2013, puis ses aveux en avril, ont fait tanguer le gouvernement et écorné la « République exemplaire » voulue par François Hollande.

L’ONG Transparency International France estimait lundi qu’avec le recul, « l’affaire Cahuzac aura constitué pour notre pays un électrochoc salutaire », avec la création en 2013 d’un parquet national financier et d’une Haute autorité pour la transparence de la vie publique. Sur le banc des prévenus, au côté de Jérôme Cahuzac sont assis son ex-épouse Patricia Ménard et leurs anciens conseillers, le banquier suisse François Reyl et l’ex-avocat Philippe Houman. Ils risquent une peine allant jusqu’à sept ans de prison et un million d’euros d’amende. La discrète banque genevoise Reyl comparaît aussi, comme personne morale.