Marine Le Pen s’est précipitée mercredi pour féliciter Donald Trump, avant même l’annonce de sa victoire à la présidentielle américaine, espérant y voir un signe favorable pour sa propre candidature en 2017, placée sous le signe de la lutte contre le «système».
A 07h20, plus d’une heure avant la confirmation du succès du républicain, Marine Le Pen s’est adressée sur Twitter à Donald Trump et aux Américains: «Félicitations au nouveau président des États-Unis Donald Trump et au peuple américain, libre! MLP». Alors qu’elle ne devait réagir que par communiqué, la candidate d’extrême droite, une des rares personnalités politiques françaises à avoir ouvertement exprimé son rejet de la favorite démocrate Hillary Clinton, fera finalement une déclaration au siège du parti dans l’après-midi.
Tout au long de la nuit, alors que les Etats américains basculaient les uns après les autres en faveur de Donald Trump, les tweets des frontistes se faisaient de plus en plus euphoriques. Peu avant 06h00, le vice-président du parti, Louis Aliot s’est ainsi réjoui du «bras d’honneur de l’Oncle Sam à une élite arrogante!» «Un 9 novembre, jour anniversaire de la chute du mur de Berlin», a aussi noté le compagnon de Marine Le Pen.
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A l’autre bout de la France, le maire FN d’Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) Steeve Briois, autre vice-président du parti, a qualifié ces résultats de «gifle aux journalistes et +experts+ de la pensée unique, méprisants pour les peuples!» Pour les frontistes, la victoire de Donald Trump est une réplique à grande échelle de deux séismes en Europe: d’abord, la défaite à quelques voix de leur allié dans la présidentielle autrichienne de mai (un scrutin depuis invalidé et qui sera rejoué début décembre). Ensuite, la «divine surprise» du Brexit fin juin.
Mais surtout, ils y voient une répétition générale avant le succès de leur propre candidate, Marine Le Pen, à la présidentielle française au printemps prochain. «Tout le système s’est mobilisé contre lui (…) Ça vous rappelle pas quelqu’un ?» a tweeté M. Briois. «Le système et les sondages, ça Trump énormément» s’est amusé de son côté Jean-Lin Lacapelle, l’un des patrons de l’administration du parti.
Même Jean-Marie Le Pen, le père brouillé avec Marine Le Pen, a tweeté à l’aube: «Aujourd’hui les États-Unis, demain la France!» Mais il a vite ajouté sur RTL une pique visant sa fille, au slogan de «La France apaisée», alors que Donald Trump multipliait les déclarations tonitruantes: «Ca va prouver une chose, que la dédiabolisation est une foutaise et une impasse».
Allié capital
Marine Le Pen avait jusque-là pour seul mot d’ordre: «Tout sauf Hillary Clinton». Elle comme les principaux dirigeants FN marchaient sur des œufs vis-à-vis d’un candidat américain auteur de nombreuses outrances verbales et qui faisait presque l’unanimité contre lui en France (86% des sondés par Odoxa début octobre préféraient une victoire d’Hillary Clinton contre 11% pour le candidat républicain).
Avec Trump à la Maison Blanche, le FN, souvent accusé d’être isolé sur la scène internationale, pense avoir un allié capital, après Vladimir Poutine en Russie. Ludovic de Danne, secrétaire général du groupe «Europe des Nations et des libertés» mené par le FN au Parlement européen, s’est pris en photo pour sa «veille électorale» dans la «Trump tower», à New York. Le milliardaire américain s’est pourtant gardé jusque-là d’afficher ouvertement des sympathies pour Mme Le Pen.
Alors que les sondages prévoient un second tour de la présidentielle entre Marine Le Pen et le candidat de la droite, «la volonté du peuple peut l’emporter face à l’ensemble d’un système coalisé», a tweeté le directeur de campagne de Mme Le Pen, le sénateur-maire de Fréjus (Var) David Rachline. Reste que la victoire de Donald Trump, comme celle du Brexit, porteurs d’incertitudes, pourraient avoir un effet négatif pour Mme Le Pen : en cas de résultats décevants, ses adversaires l’utiliseraient comme repoussoir.
D’ores et déjà, Florian Philippot a mis à profit ce résultat dans le combat politique français: «Ceux qui ont insulté Trump, de la Maire de Paris Anne Hidalgo jusqu’à François Hollande, ont fait preuve d’irresponsabilité» a-t-il dit sur Europe 1.
Le Quotidien/afp