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Marine Le Pen en correctionnelle pour incitation à la haine raciale


La présidente du Front National Marine Le Pen lors d'une conférence de presse pour annoncer sa candidature aux élections régionales en Nord-Pas-de-Calais/Picardie, le 30 juin 2015 à Arras. (Photo : AFP)

Son père est un habitué, pour elle c’est une première: la présidente du Front national, Marine Le Pen, sera jugée pour incitation à la haine raciale en octobre à Lyon, après avoir comparé les «prières de rue» des musulmans à l’Occupation.

C’était en décembre 2010, le temps de la «dédiabolisation» n’était pas encore venu: lors d’une réunion publique devant des militants à Lyon, Marine Le Pen, alors en campagne pour la présidence du parti, avait dénoncé les prières de rue en les comparant à l’Occupation nazie durant la Seconde guerre mondiale.

«Je suis désolée mais pour ceux qui aiment beaucoup parler de la Seconde Guerre mondiale, s’il s’agit de parler d’Occupation, on pourrait en parler, pour le coup, parce que ça c’est une occupation du territoire», avait déclaré Mme Le Pen sous les applaudissements. Et d’ajouter: «C’est une occupation de pans du territoire, des quartiers dans lesquels la loi religieuse s’applique, c’est une occupation. Certes, il n’y a pas de blindés, pas de soldats, mais c’est une occupation tout de même et elle pèse sur les habitants».

Interrogée mardi sur sa présence à l’audience, prévue le 20 octobre, elle a répondu: «Oui bien sûr ! Je ne vais pas rater une telle occasion». «On est plus prompt à poursuivre ceux qui dénoncent les comportements illégaux des fondamentalistes qu’à poursuivre les fondamentalistes qui ont des comportements illégaux», a ensuite tweeté le chef de l’extrême droite française.

Une première enquête pour «incitation à la haine raciale» avait été classée en 2011. Ses propos avaient aussi provoqué un tollé d’associations antiracistes, et deux plaintes, du Mrap et du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF). L’une d’elles avait saisi le doyen des juges d’instruction de Lyon et une information judiciaire avait été ouverte en janvier 2012.

En votant le 2 juillet 2013 la levée de son immunité parlementaire, le Parlement européen avait ouvert la voie à une mise en examen de Mme Le Pen, le 10 juillet 2014. Le 11 septembre suivant, le parquet avait requis son renvoi devant le tribunal correctionnel.

« Fierté pour son père »

L’annonce de son renvoi a fait réagir de nombreux responsables et sympathisants frontistes sur les réseaux sociaux.

«En France les islamistes peuvent bafouer la loi tranquillement. Malheur en revanche à ceux qui les dénoncent ! #SoutienAMarine», a twitté le vice-président du FN Florian Philippot, tandis que l’eurodéputée FN Dominique Bilde renchérissait: «Les prières de rue islamistes, qui continuent partout en France, sont bien une OCCUPATION ! Soutien à @MLP_officiel».

Nicolas Bay, secrétaire général du FN, s’en est pris à la garde des Sceaux, Christiane Taubira: «La mission de @ChTaubira consiste à harceler judiciairement la seule opposition politique. Les criminels peuvent dormir tranquille…». «Quelle fierté pour son père ! Marine Le Pen jugée pour avoir comparé les prières de rue à l’Occupation», a ironisé de son côté Pascal Durand, député européen Europe Écologie-Les Verts (EELV) .

Depuis son arrivée à la tête du FN, Marine Le Pen, 47 ans, a pris ses distances avec l’héritage sulfureux légué par son père, condamné à plusieurs reprises pour propos antisémites et racistes, notamment sur les chambres à gaz; tout en conservant la ligne générale du parti, marquée par des positions nationalistes et anti-immigration.

Jean-Marie Le Pen a été exclu du FN cet été, sanctionné après une nouvelle série de provocations à propos de la Shoah, jugées pénalisantes pour la stratégie de «dédiabolisation» du parti menée par sa fille.

AFP/M.R.

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