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Malgré la sécheresse les professionnels promettent un millésime de qualité


Récolte de raisin à Rivesaltes, le 7 août 2015. (Photo : AFP)

La récolte 2015 de raisin en France devrait être en légère baisse car la vigne a un peu souffert de la sécheresse, mais les professionnels promettent malgré tout un millésime de qualité.

La production nationale devrait atteindre 46,5 millions d’hectolitres, en baisse de 1% par rapport à l’an dernier, selon l’estimation publiée lundi par le service statistique du ministère de l’Agriculture (Agreste). La récolte devrait toutefois rester supérieure à la moyenne des cinq dernières années (environ 45,6 millions d’hectolitres).

Ces prévisions sont d’autant plus attendues par le milieu international du vin que la France a retrouvé en 2014 son statut de premier producteur mondial, après deux années difficiles marquées par des pluies abondantes et des températures fraîches.

Les chiffres, basés sur des données recueillies à la mi-août peuvent encore varier en fonction d’éventuels événements climatiques. Les récentes pluies pourraient d’ailleurs «conduire à réviser à la hausse le potentiel de production dans les semaines à venir», précise Agreste.

L’estimation du ministère est proche de celle des professionnels de la filière, fixée à 46 millions d’hectolitres samedi par le président du conseil vin de l’établissement public FranceAgriMer, Jérôme Despey.

Même si «la vigne a assez bien traversé la période de canicule» du début de l’été, «la végétation commençait à montrer dans certaines régions, à la mi-juillet, des signes de stress hydrique, notamment dans l’Est», explique le bulletin du ministère.

Bourgogne et Beaujolais en berne

En outre, les températures élevées ont ralenti la maturation des baies de raisin. Les températures un peu plus basses du mois d’août et les pluies ont permis la reprise de ce phénomène.

Mais pas suffisamment en Bourgogne et dans le Beaujolais, où «les grains (de raisin) sont petits, notamment pour les vins rouges». Dans cette région, la production est prévue en baisse de 11% par rapport à l’an dernier (-25% pour le seul Beaujolais).

En Champagne, la récolte se replierait aussi de 11% à 2,6 millions d’hectolitres. Autres régions touchées, les Charentes (-6%) et l’Alsace (-2%).

Dans le Bordelais, où «la vigne est en avance d’une semaine environ comparée à l’année précédente», Agreste prévoit un léger recul de 1% à 5,6 millions.

«Les pluies de début août ont profité au vignoble mais l’impact sur la production n’est pas encore mesurable», précise Agreste qui prévoit le début des vendanges pour la fin du mois dans cette zone.

En revanche, dans le Languedoc-Roussillon, la récolte serait en hausse de 6% (13,5 millions), «malgré des dégâts localisés» sur les vignes de l’Aude frappées par des gelées et celles du Roussillon qui ont subi orages et vents violents. Dans l’Hérault, les vendanges ont été toutefois interrompues pour quelques jours après les violents orages de dimanche.

«Il y a eu des éboulements, de forts ruissellements et les chemins ne sont plus accessibles dans les vignes. Il ne faudrait pas que des épisodes comme ça se répètent», a expliqué à l’AFP M. Despey, qui est viticulteur dans le département.

Globalement, les grosses chaleurs estivales ont un peu précipité le début des vendanges dans les principaux vignobles.

«Après une année 2014 marquée par un retour à un calendrier plus conforme à la normale, l’année 2015 présente dans la plupart des régions viticoles une avance du cycle phénologique (évolution des végétaux en fonction des saisons, ndlr). La canicule du début de l’été explique cette précocité», souligne le ministère.

«Depuis 1950 (…), c’est le millésime le plus précoce jamais enregistré, avant ceux de 2003 et 2006», selon M. Despey. Malgré la légère baisse globale en volume, la qualité devrait être au rendez-vous.

C’est «plutôt un bon millésime vers quoi nous nous tournons cette année», grâce à une «maturité optimale, avec des saveurs et une vinification qui est prometteuse», explique M. Despey. Car si nombre de productions agricoles sont rudement touchées par la sécheresse, la vigne, culture de pays chauds, reste un cas à part.

Elle «aime souffrir et on préfère la sécheresse à l’excès d’eau», rappelait récemment à l’AFP Guillaume Lapaque, directeur des associations viticoles d’Indre-et-Loire et de la Sarthe. Le temps sec et chaud a d’ailleurs maintenu à distance «les attaques initiales d’oïdium ou de mildiou constatées à la fin du printemps», selon le ministère.

Agreste relève d’ailleurs le bon état sanitaire de la majorité du vignoble, malgré des attaques de «black rot» (pourriture noire) dans certains départements.

Le Quotidien/AFP