À Rollingen, des vaches, veaux, cochons et autres poules ont des goûts de luxe : ils vivent dans la ferme biodynamique de Tom Kass. Une ferme qui entend rompre avec l’agriculture conventionnelle.
Cet éleveur militant veut montrer que l’agriculture, une des mamelles de l’identité luxembourgeoise, peut être réalisée «autrement», entre tradition et modernité, mais surtout dans le respect des animaux. Qui bénéficient de visiteurs aux petits soins!
Un bon paysan, dit-on, se lève avec les poules et se couche après elles. Pas de tout repos. Alors, imaginez celle de fermier militant! «Parfois, on a 60 visiteurs d’un coup. Avec toutes ces visites pédagogiques, cela fait trois mois que je suis à fond», souffle Tom Kass. Ce matin, j’ai eu un groupe de 8 jeunes qui sont venus apprendre à nourrir les animaux. Cet après-midi, j’aurai un anniversaire avec des enfants.» Avec, comme chaque jour, une ferme à faire tourner.
Tom Kass trouve néanmoins le temps de nous présenter son rêve devenu réalité : une ferme biodynamique. Biodynamique? «L’agriculture biodynamique, c’est l’agriculture la plus simple, car on se contente de faire ce qui est logique. Par exemple, lorsqu’un veau naît, on ne le sépare pas de sa mère, au contraire, elle le nourrit jusqu’à ce qu’il puisse ruminer et manger des végétaux. On laisse l’animal comme il a été créé. Par exemple, on n’enlève pas les cornes des vaches. Et la reproduction est naturelle, avec des taureaux.»
Autre exigence : redonner aux animaux un menu plus naturel. «À l’école, j’ai appris qu’une vache mange 15 kilos de matière sèche, comme le foin. Mais dans la plupart des fermes, ils donnent presque 7,8 kilos de graines, pour augmenter la productivité. Mais cela donne des vaches plus faibles. Chez nous, la grande partie de leur alimentation, c’est du foin.»
Les vaches vivent aussi plus longtemps que dans une exploitation conventionnelle, où une laitière vit en moyenne 5 ans. Lui vise au moins le double. De race Montbéliarde, ses vaches ne peuvent pas produire 80 litres de lait par jour comme certaines, mais «au moins, elles sont en bonne santé», dit-il.
Tom Kass n’était pourtant pas prédestiné à devenir militant. Ses parents pratiquaient une agriculture conventionnelle – «mais pas trop intensive». Mais lors de sa formation universitaire, et aussi grâce à sa femme, Tom a découvert l’agriculture biodynamique. Et une conviction : «Je veux montrer qu’on peut faire l’agriculture autrement.»
En octobre 2011, le couple Tom Kass et Anja Staudenmayer obtient un crédit d’investissement de 2 millions d’euros pour la construction de ce complexe biodynamique. Un projet de loin le plus important du secteur depuis plusieurs années.
La ferme où les enfants nourrissent les animaux
Deux ans après, à Rollingen (canton de Mersch), les travaux sont terminés. Principalement construite en bois, la ferme est une sorte de mini-village avec des étables ouvertes vers l’extérieur, mais aussi une fromagerie, un magasin Naturata tenu par Anja Staudenmayer, et même une crèche. Elle compte 100 hectares de terre dont 75 hectares de prairies. Sur les autres 25 hectares sont cultivées des pommes de terre, des betteraves fourragères, des céréales. Côté magasin, on trouve des légumes, des produits laitiers, des œufs, de la charcuterie…
Ses animaux peuvent choisir d’être dans l’étable ou dehors. Ses vaches, chèvres, cochons et poules ont d’ailleurs bien plus de place que ce que les directives exigent.
Bref, «si ça n’a pas été facile», et qu’il reste encore à rendre l’exploitation viable sur le long terme, «ça fonctionne comme on l’espérait», estime Tom Kass. «Les gens sont intéressés, viennent aux portes ouvertes, nos produits sont dans les magasins… Les enfants viennent faire des visites et m’aident avec les bêtes. Et ils demandent souvent quand est-ce qu’ils vont revenir à « la ferme de Bauer Tom, où on nourrit les animaux »», sourit-il.
Car la ferme est ouverte au public. Un border collie, sympathique chien de berger, accueille les visiteurs en échange d’une caresse. Justement, un couple de grands-parents arrive avec ses deux petits-fils. John Becker est un habitué : «Nos petits-enfants adorent ça. On habite à Luxembourg, donc on n’a plus l’occasion de voir les animaux, c’est quand même agréable.»
En effet, dans un passé pas très lointain, le monde agricole était la règle, pas l’exception, se rappelle-t-il : «Nos deux familles sont d’origine paysanne, notre jeunesse s’est passée à la ferme, donc ça nous rappelle des souvenirs.»
Romain Van Dyck
Dans le magasin bio Naturata à côté de la ferme à Rollingen et un peu au Cactus aussi.
Regarde chez carrefour ou sur Amazon ! … 🙁 Fichtre, y’a encore du boulot quand même… Merci à Tom pour son magnifique projet en tous cas 🙂
Dans quels commerces peut-on trouver les produits de cette ferme?