Emmanuel Macron a atterri lundi à Berlin où, en dépit de quelques divergences sur des questions comme la réforme des traités européens, il entend réaffirmer le rôle moteur du couple franco-allemand dans une Europe en crise qu’il voudrait « refonder ».
Au lendemain de son investiture et sitôt son Premier ministre, Edouard Philippe, nommé, le nouveau président s’est donc envolé pour la capitale allemande choisie pour son premier déplacement présidentiel à l’étranger, comme Nicolas Sarkozy ou François Hollande avant lui.
Après l’accueil en grande pompe à la chancellerie, Emmanuel Macron et Angela Merkel se retrouveront pour un entretien avant de tenir une conférence de presse et de partager un dîner.
« Il va défendre les intérêts de la France, je vais défendre les intérêts de l’Allemagne mais je suis sûre qu’il y aura un nombre si grand de points communs » qu’une coopération sera possible, a déclaré la chancelière à quelques heures de cette rencontre.
Assurant qu’elle le recevrait dans un « esprit d’ouverture et de grande sympathie » et sans apparaître en « Madame je-sais-tout », Angela Merkel a souligné avoir « entière confiance » dans la capacité du nouveau chef de l’Etat français à améliorer la situation dans son pays.
L’Europe « refondée et relancée » prônée par Emmanuel Macron dans son discours d’investiture dimanche risque cependant de se heurter à bien des résistances parmi les 27, à commencer par l’Allemagne.
Lui souhaite un « traité refondateur » en Europe pour parvenir à une plus grande intégration de la zone euro, avec un ministre des Finances, un budget autonome doté d’une « capacité d’emprunt » et un Parlement dédié.
Mais le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, s’il se dit « tout à fait d’accord » pour « renforcer l’union monétaire », juge en revanche qu’une réforme des traités européens ne serait « pas réaliste ».
« Des propositions, comme un budget de la zone euro, requièrent une modification des traités » qui « suppose l’unanimité des 27 États membres » et des référendums dans un certain nombres d’Etats « dont la France sans doute », fait-il remarquer dans une interview au Figaro lundi.
Wolfgang Schäuble se montre très sceptique aussi sur l’idée d’un ministre des Finances de la zone euro qui, explique-t-il, devrait « être en mesure de faire appliquer les règles budgétaires » décidées en Europe sauf à être affublé d’un « titre sans signification ».
Quant à l’idée d’une relance des investissements soutenue par l’Allemagne et ses excédents faramineux, elle le laisse de marbre. « Il faut être clair : on ne résoudra pas les problèmes de la zone euro en affaiblissant l’Allemagne », tranche-t-il.
Pour Wolfgang Schäuble, la solution serait plutôt de « renforcer la zone euro sans toucher aux traités » et « lancer des projets bilatéraux supplémentaires » avec la France, comme un fonds qui serait « consacré à la défense pour financer des moyens militaires communs ».
Quoiqu’il en soit, Emmanuel Macron mettra à Berlin ses pas dans ceux de François Hollande, qui s’y était rendu le jour même de son investiture, le 15 mai 2012 et y est revenu il y a une semaine pour un dîner d’adieu avec Angela Merkel.
Cette dernière « veut la réussite » d’Emmanuel Macron et entend concourir « à la stabilité politique » en France, avait confié le président sortant à l’AFP dans le Falcon qui le ramenait à Paris à l’issue de cet ultime déplacement à l’étranger.
Même si elle attend de lui de nouvelles réformes, elle ne fera « rien pour (lui) compliquer la vie », avait-il assuré.
Pour le chef de la diplomatie allemande, le social-démocrate Sigmar Gabriel, la chancelière et son ministre des Finances doivent cependant faire davantage pour soutenir Emmanuel Macron.
« Sa victoire porte en elle un devoir pour nous, en Allemagne, car il faut que Macron réussisse. S’il échoue, Madame Le Pen sera présidente dans cinq ans et l’Europe disparaîtra », a-t-il averti.
Angela Merkel avait déjà reçu le leader d’En Marche ! à la chancellerie, en mars, au cours de la campagne présidentielle, Emmanuel Macron soulignant alors leurs nombreuses « convergences » de vue.
Elle a été aussi le premier dirigeant étranger à le féliciter « chaleureusement » au soir de sa victoire contre Marine Le Pen, le 7 mai. Il porte les espoirs de « millions » de Français, d’Allemands et d’Européens, avait-elle souligné le lendemain.
Le Quotidien / AFP