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Macron reçoit Poutine à Versailles, nouveau test diplomatique majeur


Le président français Emmanuel Macron à Taormina, en Sicile, le 26 mai 2017. (Photo : AFP)

Le nouveau président français Emmanuel Macron reçoit lundi son homologue russe Vladimir Poutine sous les ors du château de Versailles, un test diplomatique majeur qui sera l’occasion d’évoquer des sujets conflictuels entre Paris et Moscou, de la Syrie à l’Ukraine, et de tenter de surmonter une méfiance réciproque.

Prétexte à cette rencontre: une exposition sur la visite historique effectuée en 1717 par le tsar Pierre le Grand en France, il y a précisément trois cents ans. L’événement avait été marqué par l’établissement des relations diplomatiques entre les deux pays.

«L’idée est de souligner, à travers une visite conjointe de l’exposition, l’ancienneté et la profondeur du lien entre les deux pays», explique-t-on à l’Elysée. Dans son message de félicitations à son jeune homologue français, au lendemain de son élection le 7 mai, Vladimir Poutine l’avait exhorté à «surmonter la méfiance mutuelle».

Mais le porte-parole du gouvernement français Christophe Castaner a prévenu: «dialoguer, ce n’est pas s’aligner», alors que les différends ont été nombreux ces dernières années, à commencer par les dossiers ukrainien et syrien. Emmanuel Macron avait lui-même prôné au cours de sa campagne le «dialogue» et la «fermeté» envers Moscou, affirmant ne «pas faire partie de ceux qui sont fascinés par Vladimir Poutine», dont il disait ne pas partager les «valeurs».

De son côté, le Kremlin précise que le nouveau chef de l’Etat français avait lancé cette invitation avec l’intention de «faire connaissance et d’établir un contact de travail» lorsque le président russe l’avait appelé au téléphone pour la première fois, le 18 mai. Au menu de la rencontre: les relations franco-russes, leurs visions respectives de l’avenir de l’Union européenne, la lutte antiterroriste et les crises régionales (Ukraine, Syrie, Corée du Nord et Libye).

«La France fait partie des pays qui ont une attitude très sévère envers le régime de Bachar al-Assad», souligne-t-on au Kremlin, où l’on s’attend à une discussion «très intéressante et franche» sur cette question. Lors d’un premier contact téléphonique, les ministres russe et français des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et Jean-Yves Le Drian ont échangé leurs vues sur «notamment le règlement des crises en Libye, en Irak et en Ukraine», selon un communiqué vendredi du ministère russe.

Hackers russes

Les deux chefs d’Etat tenteront aussi d’arrondir les angles après la campagne présidentielle française marquée par une audience accordée en mars au Kremlin à la candidate d’extrême droite Marine Le Pen, battue au second tour par M. Macron, et les piratages informatiques dont fut victime le mouvement politique du candidat centriste, attribués à des hackers russes.

Lundi, ils se retrouveront d’abord en tête-à-tête. Puis ils déjeuneront, entourés de leurs délégations, tiendront une conférence de presse conjointe et visiteront l’exposition. Avant de regagner Moscou, Vladimir Poutine se rendra aussi, mais seul, au nouveau Centre spirituel et culturel orthodoxe russe, érigé au coeur de Paris.

Il aurait dû l’inaugurer en octobre 2016 mais l’escalade verbale entre Paris et Moscou provoquée par la campagne militaire du régime syrien et de son allié russe contre la partie rebelle d’Alep (nord de la Syrie) avait conduit Vladimir Poutine à renoncer à ce déplacement. Depuis sa dernière visite de travail à Paris, il y a cinq ans, le président russe est revenu à plusieurs reprises en France mais à l’occasion de rendez-vous multilatéraux, le dernier en date étant la COP21 en novembre 2015.

Quant à Emmanuel Macron, après avoir rencontré la plupart des dirigeants occidentaux, à commencer par le président américain Donald Trump, au sommet de l’Otan, jeudi à Bruxelles, et les avoir retrouvés vendredi et samedi au G7 de Taormina, en Sicile, il fera donc connaissance avec son aîné de 25 ans.

«C’est d’autant plus important qu’on suspectait ce jeune homme (Emmanuel Macron, 39 ans) de ne pas avoir la carrure d’un président de la République et de ne pas être en mesure d’incarner et de défendre la France», a relevé Christophe Castaner. Et d’avertir: «les premiers pas d’un président sont tout un symbole, si vous trébuchez, c’est tout un quinquennat que vous traînez derrière, en difficulté».

Le Quotidien/AFP