« Make our planet great again » (rendre sa grandeur à notre planète) : en parodiant le slogan de campagne de Donald Trump pour s’adresser directement aux Américains, Emmanuel Macron a défié le locataire de la Maison Blanche et affiché sa volonté d’être aux avant-postes de la lutte contre le réchauffement climatique.
Le président français a cassé les codes de la communication élyséenne, incarnant une nouvelle génération de responsables politiques, anglophone et décomplexée. Deux heures après l’annonce du retrait américain de l’accord de Paris sur le climat, Emmanuel Macron était en direct sur les chaînes d’information pour accuser Donald Trump d’avoir commis une « erreur pour son pays » et « une faute pour l’avenir de la planète ». Il lui avait entre-temps parlé de vive voix au téléphone, un « échange direct », selon l’Élysée. « Rien n’est négociable dans les accords de Paris », a-t-il ainsi répliqué à son homologue américain qui avait évoqué une hypothétique renégociation.
Emmanuel Macron s’est aussi brièvement entretenu avec la chancelière allemande Angela Merkel pour réaffirmer, toujours selon l’Élysée, « leur engagement commun et résolu à mettre en œuvre l’accord de Paris » et « le défendre sur la scène internationale ».
Déclaration suite à la sortie des Etats-Unis de… par elysee
Un rien provocateur, il a prôné une fuite des cerveaux à fronts renversés, de États-Unis vers la France. « A tous les scientifiques, ingénieurs, entrepreneurs, citoyens engagés que la décision du président des États-Unis a déçus », Emmanuel Macron a assuré qu’ils trouveraient « dans la France, une seconde patrie ». « Je vous lance un appel : venez travailler, ici, avec nous, sur des solutions concrètes pour le climat », a-t-il insisté.
Prouver la sincérité de son engagement écologique
Ce coup d’éclat du président Macron tranche avec l’excès d’optimisme affiché à l’issue du G7 de Taormina samedi dernier, disant avoir « bon espoir » que Donald Trump confirmerait l’engagement américain sur les accords de Paris et faisant assaut d’amabilité à l’égard d’un dirigeant qu’il jugeait « pragmatique » et « ouvert ». « Donald Trump a vu l’intérêt de ces discussions, et il ajoutera à son réalisme volontariste la prise en compte des intérêts de ses amis et partenaires », avait-il même avancé.
Désormais, Emmanuel Macron fourbit ses armes et réunira le gouvernement la semaine prochaine pour jeter les bases d’ « un plan d’action concret » afin d’accueillir en France les chercheurs et entrepreneurs étrangers qui le souhaiteront, et de prendre « des initiatives concrètes, notamment en Europe et en Afrique ». Mais il lui reste à transformer l’essai de ses premiers pas dans la cour des grands sur la scène intérieure, où l’exécutif est empêtré dans l’affaire Ferrand, qui a pollué jeudi les annonces du garde des Sceaux sur la future loi de moralisation de la vie publique.
Emmanuel Macron qui a endossé la responsabilité particulière de la France face à l’accord de Paris en montant au créneau jeudi soir doit aussi convaincre de la sincérité de son engagement écologique. Son programme électoral affichait par exemple l’objectif prudent de ramener à 50% la part du nucléaire dans la production d’électricité en France d’ici à 2025, sans s’engager au-delà, et il temporise sur le dossier de l’aéroport de Notre-Dame des Landes, avec la nomination jeudi de trois médiateurs pour une mission de six mois.
Le Quotidien/AFP