Le restaurant Ma Langue Sourit (Moutfort), tenu par le chef Cyril Molard, a décroché une deuxième étoile au Guide Michelin.
Le célèbre guide gastronomique français vous a décerné une deuxième étoile. Quelle a été votre réaction à l’annonce des résultats ?
Le chef Cyril Molard : C’était une surprise ! Il y avait bien des rumeurs, mais comme je ne prête pas attention aux qu’en-dira-t-on et que par le passé il y en avait déjà eus et qu’on n’avait rien décroché, j’ai occulté tout cela. Mais une fois que tu vois ton nom sur l’écran… C’est beaucoup d’émotions. D’ailleurs, il m’a été impossible de dire quoi que ce soit! Je ressens une grande joie, je suis heureux pour l’équipe, ma femme, mes deux enfants et toutes les personnes qui nous entourent. J’ai également été extrêmement touché par les nombreux messages que j’ai reçus, et qui disaient tous que c’était « amplement mérité ». Et puis, nous sommes très contents qu’un focus soit fait sur le Luxembourg par le biais de la cuisine. Maintenant, il faut qu’on digère cet énorme gâteau qui nous a été servi!
Qu’est-ce que cette nouvelle étoile va changer ?
Pour l’instant, rien. Il y aura du travail, bien sûr, mais on va rester tels que l’on est et continuer de faire ce que l’on sait faire, le mieux possible. On ne va d’ailleurs pas changer les prix. Mais c’est sûr que notre clientèle va évoluer. On a une clientèle d’habitués auxquels vont se greffer des gens plus internationaux, qui ne font que des restaus étoilés. Les jeunes sont un peu stressés!
Avez-vous envisagé de refuser l’étoile à l’instar de certains chefs ?
Je trouve ça trop facile de refuser l’étoile! Il faut être honnête avec soi-même. Si un jour ça ne fonctionne plus, si je suis trop fatigué, je ne dirais pas : « C’est la faute du Michelin! ». Je dirais simplement : « C’est fini ». Des gens ont vécu grâce à l’étoile, c’est trop facile d’en profiter et ensuite de la renier. Elle te fait avancer et te pousse à mieux faire. C’est une pression positive, la pression de bien faire les choses.
Restaurant de gourmandises plutôt que gastronomique
Comment décririez-vous votre cuisine ?
Ma cuisine, c’est moi. J’essaie d’être proche de la saison, dans le juste assaisonnement, dans l’originalité, mais pas trop. Je ne veux pas d’un intellect de la cuisine. Je veux qu’elle soit accessible et harmonieuse. Je veux que les gens n’aient pas trop besoin de réfléchir pour comprendre les plats. J’ai d’ailleurs pour habitude de décrire le restaurant – sans prétention – de restaurant de gourmandises plutôt que gastronomique.
Comment êtes-vous arrivé à la cuisine ?
Je ne suis pas un génie de la cuisine, ce n’est pas un don tombé du ciel. J’ai toujours beaucoup travaillé. Je n’étais pas le meilleur cuisinier du monde, mais un mec courageux. Rien n’a été facile. C’est une histoire de rencontres. Petit, je voulais être footballeur, puis handballeur, je suis devenu charcutier-traiteur. J’ai travaillé dans de grandes maisons qui m’ont amené à rencontrer la personne principale qui m’a aidé dans ma carrière : Guy Krenzer, le chef exécutif de Lenôtre. C’est le seul chef à posséder le double col bleu-blanc-rouge ! (NDLR : le très prestigieux titre de Meilleur ouvrier de France, ou MOF). D’ailleurs, dans quelques semaines, il sera au restaurant. Mais je ne peux pas en dire plus pour l’instant, c’est une surprise !
Entretien avec Tatiana Salvan