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Un lycéen menacé de mort après la publication d’un journal spécial « Charlie Hebdo »


"C'était un hommage aux 17 victimes sans discrimination, pour les juifs, les journalistes, les policiers", a expliqué ce lycéen. (Photo illustration AFP)

Une croix gammée, des balles : un jeune Français, scolarisé en région parisienne et rédacteur en chef du journal de son lycée, est l’objet de menaces de mort répétées depuis la publication fin janvier d’un numéro spécial « Charlie Hebdo ».

Au lendemain d’un arrêt de travail et d’un rassemblement de soutien avec de nombreux élèves, des enseignants de son lycée, reçus vendredi au rectorat de Créteil (banlieue sud-est de Paris), ont réclamé vendredi « la protection de l’élève ». Selon le rectorat, « la vigilance interne de l’établissement sera renforcée » et l’adolescent bénéficiera « en cas de besoin » du secours des « forces de police ».

Le directeur et dessinateur de Charlie Hebdo, Riss, a également apporté son soutien au jeune homme, estimant vendredi que « quelqu’un qui reçoit des menaces comme celles-là devrait être protégé ». Il a exprimé son « dégoût » et sa « révolte » face à cette affaire.

En réaction aux attentats de Paris, Louis, 17 ans, avait fait paraître le 22 janvier un numéro spécial de La Mouette bâillonnée, le journal du lycée Marcellin-Berthelot, un établissement réputé de 2.300 élèves à Saint-Maur-des-Fossés (banlieue de Paris). Dans ce numéro titré « Je suis Charlie », des billets d’humeur, des poèmes, des dessins, mais aucune caricature de Mahomet. « C’était un hommage aux 17 victimes sans discrimination, pour les juifs, les journalistes, les policiers », a expliqué ce lycéen.

Sept menaces depuis janvier

Dès le lendemain de la diffusion du journal, il découvre dans la boîte aux lettres de la publication une enveloppe contenant la une du fameux numéro sur laquelle ont été agrafés une croix gammée, un cercueil et une lettre de menace de mort. Il dépose plainte au commissariat qui ouvre une enquête. L’affaire est prise « très au sérieux », a assuré une source judiciaire, précisant que « plusieurs auditions d’enseignants et d’élèves ont déjà eu lieu » et que « des analyses biologiques » sur les lettres étaient toujours en cours.

Au total, sept menaces de mort ont été adressées au lycéen depuis fin janvier, dont deux comportant une ou plusieurs balles. La dernière, qui remonte à début mai, avait « un goût d’ultimatum », selon lui. Louis, « très affecté psychologiquement » selon sa mère, confie ne « dormir que quelques heures par nuit », « ne plus sortir seul dans la rue » et se déplacer avec « deux bombes lacrymogènes » en permanence sur lui. Chaque soir, il est raccompagné chez lui à la sortie des cours par le proviseur ou son adjointe.

L’établissement a été directement touché par les attaques de janvier, puisqu’un élève a perdu son père dans l’attaque contre le siège de Charlie Hebdo, le correcteur Mustapha Ourrad, tandis que l’oncle d’une élève a été tué par Amédy Coulibaly dans le supermarché casher.

Le Quotidien/AFP