Le numéro 201 (avril-mai 1996) des Cahiers marxistes (Fondation Joseph-Jacquemotte, PCB) était un numéro thématique dédié au Luxembourg. La revue théorique proche du Parti communiste belge avait ouvert ses colonnes aux «Grand-Ducaux» à un moment où un accord électoral (déjà fragilisé par des tensions internes) s’était opéré à la gauche entre le PCL et «la nouvelle gauche».
Le tout dernier article de ce numéro spécial, «Quelques compléments à l’histoire nationale», est dû à la plume d’Henri Wehenkel et traite entre autres du mouvement républicain de 1918/1919 que nous avons abordé à plusieurs reprises dans notre présente rubrique ces dernier jours. L’auteur revient sur l’année 1912 en affirmant que le règne de la Grande-Duchesse Marie-Adélaïde commença comme un conte de fées, et se termina en 1918/1919 comme un cauchemar pour la monarchie, avec la proclamation de la République.
La jeune Grande-Duchesse fit valoir toutes les prérogatives de sa fonction, que ses ancêtres n’avaient guère utilisées : pour imposer une orientation farouchement catholique au pays, elle refusait la nomination des bourgmestres élus de la gauche et la nomination du directeur de l’École normale. En pleine guerre, elle n’hésita pas à accueillir (à plusieurs reprises, malgré le statut de neutralité perpétuelle du pays) le Kronprinz allemand, qui avait établi son QG militaire à Esch-sur-Alzette, d’où il dirigeait les opérations militaires, entre autres celles du siège de Longwy et de la bataille de Verdun. Wehenkel voit un fil rouge de la République de novembre 1918 à la grande grève de 1921 dans l’industrie sidérurgique.
Jean Rhein