Une fois n’est pas coutume, nous revenons sur un ancien numéro de forum. Informatioun fir Politik, Kultur a Relioun (nous avons retrouvé dans nos archives le n°112 de juin 1989).
Dans ce cahier d’il y a 20 ans, le sujet du dossier mensuel était consacré au sujet «1918/19 : une année de crises et de décisions». La page de garde est un photomontage de l’appel du «Luxemburger Arbeiter- und Bauernrat» et de la photo des soldats français (de dos) qui se dirigent vers le monument équestre de Guillaume-II sur le Knuedler, où les manifestants viennent de proclamer, le 9 janvier 1919, la République de Luxembourg. Les soldats français avaient été appelés par le président de la Chambre, Altwies, pour rétablir l’ordre dans l’enceinte du Parlement. En l’absence des membres du gouvernement qui s’étaient tous rendus à Colmar-Berg pour convaincre la Grande-Duchesse Marie-Adélaïde de démissionner et sa sœur Charlotte de lui succéder, les députés radicaux libéraux Émile Mark, bourgmestre de Differdange, et Jean-Pierre Michels, bourgmestre d’Esch, jetaient par la fenêtre les chaises de la salle des séances.
À ce moment-là, le maréchal Foch avait établi son QG à Luxembourg, et les soldats français exécutèrent leur mission avec zèle, comme le notera plus tard leur commandant, le général Roques, comme s’il s’agissait de maintenir l’ordre en France métropolitaine, «alors qu’ils étaient en arrière du front de nos Armées» et qu’il ne s’agissait nullement «d’installer la législation de France au Luxembourg», mais qu’il s’agissait de remplir une mission diplomatique.
Jean Rhein