À quelques pas du monument funéraire du «capitaine de Köpenick», Wilhelm Voigt, (†1922), au cimetière Notre-Dame au Glacis, se trouve le monument funéraire de Batty Weber. Involontairement W. Voigt était devenu un symbole de l’insurrection contre les vertus prussiennes, qu’il avait caricaturées malgré lui en volant la caisse municipale de Köpenick dans la banlieue de Berlin (voir le roman de Carl Zuckmayer). Batty Weber ne peut se prévaloir d’avoir été un symbole de l’appel à la résistance aux jeunes générations. Frantz Clément a insisté fréquemment sur le fait que Batty Weber appelait – dans le cadre de l’Association des étudiants du Luxembourg («Assoss») – les jeunes générations à la modération; néanmoins ce dernier côtoyait les principaux intellectuels (Tockert, Hoefler, Noppeney) de son époque dans l’entre-deux-guerres.
Est symptomatique pour Batty Weber sa pièce De Sche’fer vun Asselburn. Elle a été éditée pour la première fois en 1897. Sa morale pourrait se résumer à la constatation défaitiste : «L’insurrection est perdue avant qu’elle n’ait commencée.» Weber a fait revivre sa pièce dans la liesse de l’enthousiasme patriotique des commémorations du centenaire de l’Indépendance de 1939, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, il a cultivé ainsi le mythe patriotique de l’insurrection paysanne (la guerre des gourdins, le Klëppelkrich) contre les occupants français à l’époque du département des Forêts. Contredite entretemps par les études historiques (de Gilbert Trausch, en particulier), la pièce garde tout son intérêt littéraire et culturel.
Jean Rhein