L’annuaire 1933 de l’Assoss (Confédération générale des étudiants luxembourgeois) publiait en pages 49-53 un remarquable article de Marcel Noppeney.
Noppeney écrit sa contribution pour souligner et saluer l’initiative de la création par l’Assoss d’un prix annuel de la littérature francophone, décerné cette année-là à son ami Paul Palgen.
Personne ne contestera que Noppeney, fils de notaire à Differdange, a été le plus fervent des hérauts de la francophonie au Grand-Duché. Les anecdotes à son sujet, lorsqu’il prenait la défense de la langue des Diderot, Voltaire et Molière, sont innombrables. Sa querelle éternelle avec Frantz Clément (photo), le germanophile, qui avait la vision d’une Europe des Nations dans les années 1930 dans laquelle le Luxembourg construirait «les ponts virtuels pour passer le Rhin» et dont le mot d’ordre était «parler en allemand (celui des penseurs et des poètes) et penser en français (celui des Lumières)».
La perception de Noppeney dans l’article mentionné est celle d’un Luxembourg «bilingue, quadrilingue, même quintilingue», dans lequel «on parlait luxembourgeois, wallon et français, (…) on y enseignait en outre l’allemand et le néerlandais. (…) Et la correspondance (Noppeney parle de l’époque néerlandaise) entre les administrations communales et le gouvernement, elle se faisait en français, aussi naturellement, aussi universellement, qu’elle se fait de nos jours en allemand».
Jean Rhein