Dans sa monographie Le Luxembourg. Émergence d’un État et d’une Nation (ISBN 978-2-87943-047-5), Gilbert Trausch s’étend longuement sur les répercussions de la Révolution française pour le pays de Luxembourg.
Si les historiens s’accordent tous à voir aujourd’hui que les bases de l’État luxembourgeois ont été jetées en 1815, il convient de ne pas négliger la période française (département des Forêts) qui précédait immédiatement l’époque néerlandaise et qui a profondément marqué la sécularisation, donc l’avènement des temps nouveaux.
D’aucuns préféreraient considérer encore le Luxembourg contemporain comme pays catholique, mais Trausch rappelle (p. 177) que les catholiques et leur mouvement politique (la droite chrétienne-sociale), au début du XXe siècle, avaient accepté les nouvelles données créées par la Révolution française et par le Concordat conclu par Napoléon et le pape (1804). L’histoire se répéterait-elle? Il conviendrait de reconsidérer du côté du Syfel que la création des fabriques d’église fut un dédommagement pour les expropriations par la Révolution, et qu’à l’heure actuelle il n’est nullement question d’une nouvelle vague d’expropriations.
Par ailleurs, dans son mémoire publié par la section historique de l’Institut grand-ducal, Gilbert Trausch avait démontré que le Klëppelkrich (la guerre des Gourdins) avait été un soulèvement incité dans le nord du pays (et en Wallonie) par le clergé local. Une fois pour toutes, les catholiques luxembourgeois avaient accepté les valeurs des droits de l’homme. Si l’archevêque jouait à mettre en question la laïcité de fait de l’État grand-ducal, il risquerait un nouveau Kulturkampf à la tête de ses fidèles dont certains se croient déjà investis d’une majorité parlementaire absolue.
Jean Rhein