L’historien Gilbert Trausch a présenté dans son catalogue De l’État à la Nation. 1839-1989 accompagnant l’exposition qui s’est déroulée d’avril à août 1989 aux anciens halls de la Foire internationale de Luxembourg (Limpertsberg, aujourd’hui halle Victor-Hugo) une vue nuancée de l’accueil fait par la population luxembourgeoise à la Révolution française.
Nous pensons que la fin de l’Ancien Régime dans notre région s’est déjà annoncée par les mesures des souverains du Duché de Luxembourg aussi éclairés que le furent les empereurs autrichiens Marie-Thérèse (le cadastre) et son époux Étienne de Lorraine et leur fils Joseph II (l’édit de tolérance des religions). Trausch note que l’irruption anticléricale de la Révolution française devait bouleverser un pays aussi dévotement catholique que le Luxembourg. Néanmoins une partie du clergé (par exemple, l’abbé Dominique Constantin Munchen de Diekirch, par exemple, se déclarait ouvertement et sans ambiguïté fidèle au nouveau régime).
Le nouveau régime demandait l’adhésion inconditionnelle du peuple : le port de la cocarde tricolore, le calendrier révolutionnaire, l’introduction du système métrique, tout cela dérangeait dans la vie quotidienne. Des mesures avantageuses secouaient les vieilles habitudes.
La suppression des couvents (1796) passait plutôt inaperçue aux yeux du grand public. La dispersion des trésors bibliothécaires dans les bibliothèques centrales de France n’intéressait guère. Il en était de même des biens immobiliers vendus comme biens nationaux.
Jean Rhein