Le dossier thématique de forum fir kritesch Information iwwer Politik, Kultur a Relioun n°112 de juin 1989 rassemble une série d’articles d’historiens sur l’un des sujets tabous de l’historiographie contemporaine grand-ducale, la proclamation de la République des 9 et 10 juin 1919.
La germanophilie prononcée de la maison grand-ducale (justifiée par les relations familiales avec l’empereur allemand et par l’inexpérience politique de la Grande-Duchesse Marie-Adélaïde) avait conduit le pays au bord du gouffre à la fin de la Première Guerre mondiale. Le peuple souffrait de famines, de la destruction des terrains agricoles, de l’incapacité à gérer l’industrie lourde appartenant aux groupes sidérurgiques de la Ruhr et de Berlin.
Quelques mois après l’effondrement de la Russie tsariste, l’espoir populaire faisait valoir ses droits au suffrage universel, y compris au droit de vote des femmes. Il n’est pas étonnant dès lors que les revendications syndicales aient porté sur les conditions de travail (la semaine de 40 heures dans le secteur privé; l’indexation des traitements sur le coût de la vie dans la fonction publique). L’un des Frères Krier (Tun) faisait partie du Comité de Salut public animé par l’Alliance française.
Contre la promesse d’un référendum portant sur la question monarchique et la future alliance économique (choix entre la Belgique et la France), les adhérents du mouvement social-démocrate préféraient abandonner la cause de la République en échange de la durée de travail réglementée et de la sécurité sociale généralisée.
Jean Rhein