Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Le mouvement scissionniste «Les Libéraux» démarre bien avec un communiqué (sous forme de lettre ouverte) signé par l’une de ses têtes pensantes qui se demande si le discours de la haine ne fait pas partie de la liberté d’expression et serait donc partie intégrante des droits fondamentaux. Déjà certains trolls sur les réseaux sociaux relaient largement l’information et se réjouissent. L’un d’eux avait largement défendu les thèses de l’auteur d’un livre (condamné entretemps par la Justice grand-ducale) qui s’était retrouvé dans le déni le plus complet du génocide politique et religieux entrepris par les nazis (il se demandait si le gaz Zyklon B n’avait pas été administré comme simple mesure hygiénique aux passagers des convois vers les camps d’extermination).
La rhétorique de cet ultralibéral se rapproche étrangement de celle national-socialiste. Nous comprenons dès lors mieux Pierre Dupong qui préférait dire à la tribune de la Chambre des députés «Tous les Luxembourgeois ont été des résistants» plutôt que de constater (de façon politiquement incorrecte) que certains avant la guerre avaient été volontaires de l’armée avant de devenir délateurs durant la guerre, puis d’échanger le drapeau à la croix gammée contre le Lion rouge pour arborer ce dernier après la Libération.
La liberté d’expression tant chérie par les libéraux (XIXe) et les Lumières (XVIIIe siècle) est le prétexte pour un retour en arrière : n’est-il pas honteux de justifier le discours de la haine par le souci de préserver les valeurs de la démocratie?
Jean Rhein
