Début juin 2018, le monde académique luxembourgeois a perdu, avec la disparition de Gilbert Trausch, son historien le plus éminent, dont l’envergure dépasse de loin l’historiographie contemporaine.
L’impact de son œuvre est impressionnant : non seulement par sa diversité et son volume, mais surtout par l’enseignement et l’encouragement scientifiques que Trausch a su transmettre comme héritage à toute une génération.
Sa bibliographie est exhaustive et a été innovatrice. Il a eu la chance de diriger plusieurs grands travaux, comme l’exposition «De l’État à la nation 1839-1989» qui s’est tenue dans l’enceinte des anciennes Foires de Luxembourg au Limpertsberg.
Historien dans son siècle, il le fut par vocation et avec passion, doté d’une grande capacité de travail et servi par une extraordinaire capacité de synthèse.
Sa biographie nous apprend qu’il est né comme fils d’un ingénieur de la Hadir (Hauts-fourneaux et aciéries de Differdange, St. Ingbert, Rumelange) à Differdange, où il a passé son enfance.
Ainsi, l’histoire du monde syndical et de la sidérurgie l’ont intéressé au plus haut degré et il est à l’origine de nombreuses vocations de jeunes historiens luxembourgeois dans ce domaine.
Il est tout aussi remarquable que Trausch n’ait jamais délaissé l’étude du champ politique. Mentionnons ses travaux sur Joseph Bech (jugés irrévérencieux par d’aucuns) et sur l’histoire du CSV, dans lesquels il a fait valoir, conformément à sa perspective de l’approche historienne de l’École des annales, l’approche du développement sur le long terme. Trausch se distingue nettement de l’étude historiciste purement événementielle de ses prédécesseurs.
Jean Rhein