L’anniversaire de 1867 (celui du Traité de Londres), qui consacra la notion de la neutralité perpétuelle du Grand-Duché, mériterait des développements savants de la part de nos historiens attitrés. Mais ces messieurs et dames de l’université du Luxembourg sont occupés à des affaires plus importantes qui consistent dans le design de leurs carrières académiques, et surtout à ne froisser aucune susceptibilité identitaire qui pourrait se tourner contre eux, si, un jour, le gouvernement changeait.
Nos historiens se contentent de nous présenter quelques lieux de mémoire, plutôt que de poser des jalons pour les générations futures en ce qui concerne l’identité ou la multiplicité des identités nationales.
Reste l’Église catholique du Luxembourg, en pleine crise interne, qui offre comme issue la redécouverte du miracle de la soi-disant apparition d’une vierge à Fatima. Cela permettra pendant quelques semaines d’oublier les dissensions affairistes internes (au sein des fabriques d’Église).
L’historiographie grand-ducale reste un amalgame de contes et légendes. «Tous les Luxembourgeois ont été des résistants», avait dit Pierre Dupong à la fin de Deuxième Guerre mondiale. Les tabous de la Résistance demeurent encore pleins et entiers à constater les déchirements dans les comités qui sont censés reprendre le flambeau de la mémoire collective, et on comprendra mieux, pourquoi, jadis, la majorité du Parlement avait décidé de ne plus jamais toucher aux épineuses questions de l’indemnisation des dommages de guerre.
Jean Rhein