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[Luxemburgensia] De l’ésotérisme à la collaboration (2)

490_0008_14887408_201801081719_0001Parmi les personnages oubliés que l’historien Henri Wehenkel présente dans son livre Entre chien et loup (un recueil d’articles parus au Lëtzebuerger Land) pour avoir collaboré temporairement avec les occupants nazis (ISBN 978-99959-949-4-5), l’un des plus énigmatiques est certainement l’instituteur Henri Meier-Heucké (1888-1973).

Quelque peu ironiquement, l’auteur intitule son article «Un génie de province» et il caractérise son personnage qui, pendant de longues années a vécu dans la Métropole du fer, comme instituteur de la vieille école (avec une immense soif de connaissance et d’émancipation de l’Homme), un saint, un juste, un homme à principes, bigotement catholique. Meier, surnommé «Pendel-Meier», avait promu dans sa jeunesse la langue universelle ido, répandue dans les milieux syndicalistes. Pour la promotion de la langue internationaliste, Meier avait même lancé au sein du Parti socialiste, en décembre 1919, l’idée de l’adhésion à l’Internationale communiste. Dès janvier 1921, il adhérait au Parti communiste. Dans les années 1930, ses activités et prises de position publiques se raréfiaient.

Lui qui avait participé vers 1924 à la rédaction du journal de la gauche radicale Der Arme Teufel (Le Pauvre Diable), figurait parmi les signataires luxembourgeois des appels de Romain Rolland et d’Henri Barbusse contre la guerre et l’impérialisme. À cette époque, Meier faisait aussi partie de la franc-maçonnerie luxembourgeoise, où il défendait un mysticisme et un catholicisme primitif, mais les questions de politique (le nazisme, la guerre d’Espagne) ne l’intéressaient plus guère.

Jean Rhein