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Luxembourg : une vie presque sans déchets


"Les alternatives sont souvent très simples, très basiques. Une fois que c'est appliqué dans la salle de bains, on peut faire la même chose dans la cuisine, etc." (illustration Isabella Finzi)

Le manque de disponibilité de certaines matières premières complique la tâche à ceux qui veulent passer au zéro déchet au Grand-Duché. Pourtant, pour Hélène Volon, cette transition facilite la vie.

« J’ai commencé à m’intéresser au zéro déchet quand j’ai emménagé seule il y a cinq ou six ans », raconte Hélène Volon, plus connue sur les réseaux sociaux sous le nom de «koko_cannelle», notamment sur Instagram où elle est suivie par près de 7 500 personnes. Depuis, la jeune femme de 29 ans a fait du chemin, au point d’être devenue coach dans ce domaine avec une associée. C’est en se penchant sur la composition de ses produits de beauté préférés et leur impact sur la santé qu’elle a mis le doigt dans l’engrenage du zéro déchet. Tout d’abord en Belgique, son pays d’origine, puis cela s’est concrétisé en arrivant au Grand-Duché avec la création en février de leur entreprise à Luxembourg.

«Les alternatives sont souvent très simples, très basiques. Une fois que c’est appliqué dans la salle de bains, on peut faire la même chose dans la cuisine, etc. Par exemple, pour remplacer la poudre à lever utilisée en pâtisserie, on peut trouver de grands bocaux de bicarbonate. Une fois que t’as acquis les réflexes de base, prendre des sachets réutilisables, privilégier les fruits et légumes pas emballés, tu développes de plus en plus l’idée. Ça ne vient jamais du jour au lendemain, c’est impossible, ça prend du temps.»

Une «population trop habituée au confort»

Après avoir vécu à Bruxelles « où l’on trouve très facilement des boutiques de vrac et où tu ne te sens pas du tout jugée, en arrivant au Grand-Duché (commune de Steinsel) ça a été un peu le choc culturel. L’écart sur ce plan-là est considérable, car il y a une sorte de spécificité dans la population luxembourgeoise qui est trop habituée au confort, voire même au surplus de confort », assure la jeune femme. « Par exemple, quand tu leur demandes pourquoi tu ne prends pas tes couverts alors que tu vas tous les jours chercher une salade dans une boulangerie, ils répondent qu’ils n’ont pas envie d’avoir à penser à les mettre dans leur sac le matin ou la veille. C’est un gros problème, d’autant plus que je suis à Metz depuis quelques mois et que je constate que là aussi les possibilités sont plus grandes dans ce domaine qu’au Luxembourg. »

Pour pouvoir vivre selon ses convictions, Hélène s’astreint à une certaine hygiène de vie : «Je me déplace forcément en transport en commun, je prépare mon repas à l’avance aussi pour une question de santé. J’ai toutes mes boîtes dans le sac, ma serviette en tissu, mes couverts, ma gourde d’eau et généralement je fais mon café avant de partir de la maison.»

Elle a aussi toujours sur elle ses mouchoirs en tissu.

«Une économie de temps et d’argent»

Si elle accompagne ses collègues pour aller chercher un dessert, elle tente encore une fois de se passer de déchets en mettant directement le morceau de gâteau dans une boîte réutilisable. «Si vraiment ce n’est pas possible, quand je vois que tout est emballé ou sous vide, j’essaie de me recentrer sur mes valeurs en me demandant qu’est-ce qui est le plus important : d’avoir cette barre de chocolat ou d’éviter de produire des déchets.»

Pour faire le ménage, il lui suffit d’avoir quelques produits comme le vinaigre, le savon de Marseille ou le bicarbonate : «Ce sont des choses qui sont très basiques, brutes au niveau des ingrédients. Ces produits sont en très grande majorité biodégradable et donc protectrices de l’environnement.»

Hélène rassure ceux qui voudraient se lancer : «On n’est pas toujours obligés de tout faire soi-même, on trouve des alternatives écologiques, comme les tablettes pour le lave-vaisselle, du shampoing solide, dans certains magasins en prenant des marques plus écologiques. C’est très minimaliste à la maison et on se rend compte que c’est très efficace et très peu cher, c’est une économie de temps et d’argent et une diminution des déchets.»

Selon la spécialiste Hélène Volon, l’un des obstacles principaux pour diminuer ses déchets, c’est de trouver ces matières premières en vrac, même si quelques magasins en proposent. À défaut de trouver des produits sans emballage, elle conseille de prendre des grands formats. L’autre option est de commander sur internet, mais ce n’est pas forcément l’idéal pour l’environnement.

Un autre problème persiste : «Dans les magasins, lorsque je demande qu’on me mette le taboulé ou le fromage dans mon récipient alimentaire, les commerçants me disent souvent non. Enfin, le dernier obstacle, c’est nous-mêmes, lorsque nous n’osons pas demander par peur de gêner ou lorsque nous sommes trop fatigués pour préparer nos détergents.»

Aujourd’hui, la coach est très heureuse de son choix de vie : «Passer au zéro déchet, c’est se simplifier la vie. On a une autre façon de penser, on revoit nos besoins, exit les 3 000 shampoings ou le détergent spécial WC. Au niveau santé, je n’ai plus d’eczéma et depuis que j’utilise uniquement des produits naturels je reçois énormément de compliments sur mes cheveux.»

Audrey Libiez