La star de cet avant-match entre le Luxembourg et la France (samedi 20h45), c’est clairement Maxime Chanot. Tous les médias français souhaitent avoir le témoignage du défenseur international luxembourgeois né voici 27 ans du côté de Nancy et formé dans l’Hexagone. Lui prend ça de manière assez zen et affirme haut et fort que son pays, c’est bien le Luxembourg.
Débarqué au Luxembourg en provenance de New York mardi, trois petites heures avant de participer à la rencontre amicale entre le Luxembourg et le Standard, Maxime Chanot est pisté par tous les médias hexagonaux. Il était, par exemple, mardi sur beIN Sports, avant d’être suivi, mercredi, par une caméra de BFM TV.
Le Quotidien : La superstar de cette semaine, c’est vous. À la fédération luxembourgeoise, on dit qu’il n’y a pas un média français qui ne souhaite pas vous avoir en interview…
Maxime Chanot : Vous allez me faire rougir… Je ne suis pas une superstar. Loin de là. Ce sont juste les circonstances qui font ça. Qu’il y ait un joueur binational dans la sélection luxembourgeoise, qui plus est formé en France, cela intrigue apparemment pas mal du côté français. C’est une manière pour eux de pouvoir parler de notre équipe. Et c’est vrai que je suis plutôt bien placé pour évoquer ces deux pays, ces deux sélections.
Même si la France et le Luxembourg sont des voisins, le football luxembourgeois reste une énigme de l’autre côté de la frontière…
Oui, c’est exactement ça. Et c’est pour ça, notamment, que ce match me tient à cœur. Car sur la rencontre de samedi, on va être jugés. Comme on l’avait été lorsqu’on avait affronté la Belgique (défaite 5-1) ou l’Italie (1-1) avant la Coupe du monde 2014. À côté des points mis en jeu ce week-end, c’est aussi notre image que l’on jouera. Le travail qu’on a effectué depuis un petit temps avec Luc (NDLR : Holtz, le sélectionneur), on doit parvenir à le retranscrire sur le terrain lors de cette rencontre.
Didier Deschamps, qui a étudié les matches de son adversaire, a déclaré qu’il avait « beaucoup de respect » pour l’équipe luxembourgeoise. Ce sont des propos qu’on entend beaucoup en provenance de la France ces derniers jours. Vous qui avez eu quelques contacts avec les médias français, pensez-vous que ce soit un discours de façade?
Je n’ai envie d’attaquer personne. Nos derniers résultats ont été vus par nos voisins, mais ce n’est pas pour autant qu’on est pris complètement au sérieux. Ceux qui suivent notre équipe nationale à chaque match savent qu’il y a une évolution. Ils l’ont vue. Les autres pas. Ce qui me fait dire qu’aujourd’hui, ce discours est peut-être bien un discours de façade. Mais c’est à nous de faire changer les choses avec la rencontre de samedi.
Pour vous, le Luxembourg a acquis du respect lors des derniers mois, des dernières années?
Par rapport à un pays comme la Belgique, oui. Quand j’ai commencé à jouer là-bas en 2011, personne chez nos voisins ne regardait le foot pratiqué chez nous. Mais quand j’ai quitté le championnat belge à l’été 2016 pour rejoindre New York City, on commençait vraiment à en parler. Donc, on a acquis quelque chose. Notre réputation est un peu meilleure.
Mais il faut rester très humble, c’est à notre échelle. Il reste encore énormément de boulot. On reste très loin des grandes nations. Notre classement dans ce Groupe A des qualifications pour la Coupe du monde le montre. On ne possède qu’un point. Le travail prend du temps. Mais je suis sûr que si on parvient à garder une certaine stabilité, avec ce sélectionneur, on peut réussir des choses sympathiques.
Ce qu’il manque au Luxembourg, c’est un grand résultat contre une équipe marquante, non?
Oui, tout à fait. Il y a ça et le fait de sortir quelques résultats sur une période un peu plus longue. Pour marquer les esprits. Un peu comme l’Islande qui avait atteint les barrages pour la Coupe du monde, puis s’est qualifiée pour l’Euro.
Durant cette campagne, la défaite 4-3 en Bulgarie à la dernière seconde et le 0-1 face à la Suède nous ont fait mal. Si on avait pris un quatre sur six, on serait aujourd’hui à cinq points au classement. Et on ne nous regarderait plus forcément de la même façon.
En étant né à Nancy et formé en France, est-ce que vous avez le sentiment d’avoir quelque chose à prouver face aux Bleus et plus généralement au football français?
Non, pas du tout. Si je suis moitié luxembourgeois, moitié français, je me sens à 100 % Luxembourgeois! Le fait d’avoir pris le passeport grand-ducal plus tard, c’était un choix extrasportif. Et si vous me demandez avec quel passeport je voyage aujourd’hui, je vous réponds le luxembourgeois. Toute ma famille vit ici. Donc, même si je suis né et si j’ai grandi dans l’Hexagone, je n’ai rien à prouver à personne. Jouer en Ligue 1 ou avec les Bleus n’a jamais été une finalité à mes yeux. Mon objectif, c’était de devenir professionnel et d’évoluer dans une D1 européenne.
Je ne fais pas une fixation sur la France comme certains peuvent le penser ( il sourit ). Je suis un Luxembourgeois né en France et qui est très content d’avoir évolué en Belgique (il sourit). Peut-être que dans deux ans je poserai mes valises en L1 ou en Liga espagnole, mais cela ne changera rien à ma vision des choses. Ce sera un choix de carrière. Rien d’autre.
Pour un défenseur, défier l’équipe de France, c’est un beau challenge. Sa ligne d’attaque, c’est clairement le niveau de la Ligue des champions…
C’est très fort. Et en plus, ils sont jeunes et veulent, de ce fait, prouver certaines choses. Ils doivent se montrer. On sait que cela s’annonce compliqué, mais sur un match, on sait aussi ce qu’on peut leur proposer comme opposition.
Julien Carette
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