Le géant allemand du transport aérien Lufthansa s’est montré confiant mercredi concernant une année 2017 attendue record, après un troisième trimestre satisfaisant et marqué par l’insolvabilité de son rival Air Berlin.
« Le groupe Lufthansa repart à l’offensive, nos résultats le prouvent », s’est félicité son patron Carsten Spohr lors d’une conférence de presse téléphonique. Sur la période de juillet à septembre, période clé pour les compagnies aériennes en raison des vacances d’été, le bénéfice net de Lufthansa a reculé de 17% par rapport à 2016, à 1,18 milliard d’euros, ressortant légèrement au-dessus des attentes des analystes interrogés par le fournisseur de services financiers Factset (1,01 milliard d’euros).
Ce repli s’explique toutefois par une comparaison défavorable avec les résultats fastes du troisième trimestre 2016, gonflés par l’effacement de provisions passées pour les salaires et retraites du personnel. A l’échelon opérationnel, le groupe a brillé avec un bénéfice d’exploitation Ebit ajusté de certains éléments exceptionnels -sa mesure de référence- de 1,52 milliard d’euros, en hausse de 32% sur un an.
Tiré à la fois par une hausse du prix des billets, la consolidation dans ses comptes de Brussels Airlines (rachetée fin 2016) et l’intégration d’avions loués par Air Berlin, le chiffre d’affaires a progressé de 11%, atteignant 9,81 milliards d’euros.
Grâce à une amélioration dans toutes ses compagnies, y compris celle de fret (Lufthansa Cargo), et aux programmes de réduction des coûts engagés, la rentabilité du groupe est passée de 13% à 15,5% en un an.
« Ces résultats nous donnent la capacité d’investissement et de croissance dont nous avons besoin dans le cadre de notre plan de consolidation sur le marché européen », a estimé Carsten Spohr dans un communiqué.
Un plan d’expansion dans le ciel européen
La maison mère des compagnies Lufthansa, Eurowings, Swiss, Brussels Airlines et Austrian Airlines a confirmé, sans donner de précision, ses prévisions annuelles. Le groupe table sur un Ebit ajusté « supérieur » à celui de 2016, qui était de 1,75 milliard d’euros. Un objectif tout à fait accessible puisque son Ebit ajusté des neuf premiers mois de l’année atteint déjà environ 2,6 milliards d’euros.
La finalisation d’un accord sur les retraites et les salaires avec les quelque 5.400 pilotes des compagnies Lufthansa, Lufthansa Cargo et Germanwings, attendue en décembre, doit se traduire par un gain (Ebit) exceptionnel d’environ 600 millions d’euros au quatrième trimestre, a indiqué le directeur financier Ulrik Svensson.
Après s’être dédié à la réduction des coûts, notamment de personnel, au terme de plusieurs conflits sociaux qui ont lourdement pesé sur son bilan dans le passé, le groupe aux 130.000 salariés est désormais engagé dans un plan d’expansion dans le ciel européen.
Lufthansa vient de s’offrir une partie de sa concurrente et compatriote en déconfiture Air Berlin et a également déposé mi-octobre une offre de reprise de certaines liaisons européennes d’Alitalia. Le rachat de 81 avions d’Air Berlin, soit un peu plus de la moitié de la flotte de la compagnie berlinoise, est toutefois soumise au feu vert de Bruxelles, espéré d’ici la fin de l’année.
Dans un entretien accordé au quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung paru mercredi, la commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager, a laissé entendre que Lufthansa pourrait devoir renoncer à certaines liaisons pour être autorisé à reprendre les appareils convoités. Interrogé, le patron de Lufthansa s’est dit « prêt » à le faire.
Cette acquisition va permettre de contribuer à l’essor rapide d’Eurowings, compagnie à bas coûts de Lufthansa. Cette dernière doit enregistrer en 2017, pour la première fois et avec un an d’avance, un bénéfice opérationnel positif. A la Bourse de Francfort, vers 12H00 GMT, l’action Lufthansa trônait en tête de l’indice vedette Dax, avec un gain de 2,83% à 26,93 euros, un plus haut depuis 1998, dans un marché à l’équilibre.
Le Quotidien / AFP