La Commission européenne a validé mardi, sous condition, le rachat du réseau social pour professionnels LinkedIn par le géant de l’informatique Microsoft, une opération de 26,2 milliards de dollars annoncée en juin.
« La décision est subordonnée au respect d’un ensemble d’engagements visant à préserver la concurrence entre réseaux sociaux professionnels en Europe », a-t-elle précisé.
Avec cet aval, Microsoft « a maintenant obtenu toutes les approbations réglementaires nécessaires pour achever l’opération », qui sera conclue « dans les prochains jours », s’est réjouie dans un communiqué la multinationale américaine.
Cette dernière s’est engagée à « veiller à ce que les fabricants et les distributeurs de PC soient libres de ne pas installer LinkedIn sous Windows » ou d’autoriser sa désinstallation « si les fabricants et les distributeurs décident de l’installer d’office », a détaillé la Commission.
Le groupe informatique a également promis de permettre aux « réseaux sociaux professionnels concurrents (de LinkedIn) de maintenir les niveaux actuels d’interopérabilité avec la gamme de produits de Microsoft Office ».
Enfin, il continuera à autoriser ces mêmes concurrents à accéder à Microsoft Graph, une interface destinée aux concepteurs de logiciels, qui permet « sous réserve de l’accord de l’utilisateur », d’accéder « aux données stockées dans le nuage de Microsoft, telles que contacts, informations relatives au calendrier, courriels ».
La décision de la Commission « garantit que les Européens continueront à pouvoir choisir entre différents réseaux sociaux professionnels », s’est félicitée la commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager, citée dans le communiqué.
Les engagements de Microsoft s’appliqueront « pendant une période de cinq ans et un mandataire sera chargé de contrôler leur mise en oeuvre », précise la Commission, qui dit n’avoir pas identifié de problème de concurrence en ce qui concerne les deux autres secteurs de son enquête: les logiciels de gestion de la relation client et la publicité en ligne.
Elle précise aussi avoir analysé « l’incidence » d’une « possible concentration des données résultant de l’opération », craignant une atteinte à « la vie privée », mais a finalement été convaincue par les engagements de Microsoft.
Synergies
Créé en 2003, LinkedIn, qui revendique 433 millions de membres dans le monde, s’est imposé dans le domaine du réseau social pour professionnels où s’échangent informations sur les carrières, les mutations, les intérêts, ainsi que des offres d’emplois.
Le PDG de Microsoft, Satya Nadella, avait expliqué en juin, lors de l’annonce du rachat, que le but de l’opération était de créer des synergies notamment avec Microsoft 365, le logiciel du groupe dans le domaine de l’informatique dématérialisée (cloud), avec lequel il cherche à faire concurrence à Google.
Cette acquisition est la plus grosse pour le groupe fondé par Bill Gates depuis que M. Nadella en a pris la direction début 2014.
Basé à Redmond (nord-ouest des Etats-Unis), Microsoft domine le marché des systèmes opérationnels (OS) pour ordinateurs et tente depuis plusieurs années de se diversifier. Le groupe, qui fonctionne avec un exercice annuel décalé qui s’arrête en juillet, a réalisé en 2015/2016 un chiffre d’affaires de 85,3 milliards de dollars pour un bénéfice net de 16,8 milliards. Il emploie 118.000 personnes.
LinkedIn, installé à Mountain View, dans la Silicon Valley (Californie), comme Google, emploie près de 10.000 personnes. Le groupe a réalisé en 2015 un chiffre d’affaires de l’ordre de 3 milliards de dollars pour une perte nette de 166 millions de dollars.
Le Quotidien / AFP