Débat, bras de fer, manifestations houleuses, blocages de raffineries : le périlleux parcours du projet de loi Travail en France depuis quatre mois en dix dates.
17 février : avant-projet
Présentation de l’avant-projet de loi de Myriam El Khomri, ministre du Travail, qui instaure la primauté des accords d’entreprise en matière de temps de travail, un plafonnement des indemnités prud’homales et précise les conditions de licenciement économique.
Le Medef est plutôt satisfait, le PS embarrassé, les « frondeurs » de la majorité en colère. Tous les syndicats dénoncent les mesures sur les indemnités prud’homales et les licenciements économiques, et certains, comme la CGT, également la primauté des accords d’entreprises.
9 mars : premières manifestations
Première journée de mobilisation contre le texte. Plus de 220.000 manifestants à Paris et en province contre le texte (chiffre du ministère de l’Intérieur).
14 mars : projet édulcoré
Le gouvernement présente une version 2 de son texte (adopté dix jours plus tard en Conseil des ministres), en reculant sur les articles les plus contestés, dont le barème des indemnités prud’homales. L’initiative est saluée par les syndicats « réformistes » dont la CFDT, mais décriée par le patronat. Sept syndicats et organisations de jeunes dont la CGT et FO réclament son retrait et maintiennent des appels à manifester.
31 mars : Nuit debout
Entre 390.000 personnes (autorités) et 1,2 million (syndicats) manifestent pour le retrait dans toute la France. Une cinquantaine de manifestants engagent dans la nuit l’opération « Nuit Debout », occupation symbolique de la place de la République à Paris.
28 avril : affrontements
Violents affrontements en marge des défilés qui réunissent entre 170.000 personnes (autorités) et 500.000 (CGT).
10 mai : 49-3
A l’Assemblée nationale, le Premier ministre Manuel Valls dégaine le 49-3 pour faire adopter le texte sans vote. Le 12, la motion de censure de la droite est rejetée, sur fond de manifestations tendues en particulier à Rennes.
26 mai : blocages
Blocages de raffineries, pénurie de carburants, perturbations sur les routes, dans les ports et centrales nucléaires: la contestation prend encore de l’ampleur. Quelques jours plus tard, le 1er juin, elle se télescope à la SNCF avec le conflit sur le temps de travail des cheminots qui lancent une « grève illimitée ».
10 juin : sauver l’Euro
Entre menace de réquisition et réouverture du dialogue, l’exécutif tente de convaincre les opposants à la loi travail de rendre les armes, peu avant l’ouverture de l’Euro de foot qui doit être « une belle vitrine » selon Valls.
14 juin : les violences de trop
Le Sénat vient d’entamer l’examen du projet de loi travail. A Paris, la manifestation nationale dégénère en violences et le ton monte entre le gouvernement et les syndicats.
22 juin: la volte-face
Deux jours de tractations avec la préfecture de police aboutissent dans un premier temps à une interdiction de la manifestation à Paris puis quelques heures plus tard à son autorisation mais sur un parcours raccourci.
Le Quotidien / AFP