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Loi travail : la mobilisation s’essouffle


Des drapeaux de la CGT brandis par des manifestants le 14 juin 2016 à Paris. (Photo : AFP)

A la veille du rendez-vous très attendu entre la ministre du Travail, Myriam El Khomri, et le patron de la CGT, Philippe Martinez, les opposants à la loi travail se montrent toujours déterminés à obtenir son retrait même si la contestation semble s’essouffler face à un gouvernement inflexible.

«La sagesse voudrait que le gouvernement suspende le débat parlementaire» de sorte que «la sérénité revienne», a déclaré le secrétaire général de la CGT, fort de la manifestation nationale parisienne organisée mardi qui, malgré les violences, a été «une grande réussite», selon l’intersyndicale CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL et Fidl. D’ores et déjà, deux journées de mobilisation sont annoncées à l’initiative de l’intersyndicale, les 23 et 28 juin, malgré les accusations de l’exécutif visant directement la CGT sur son rôle «ambigu» face aux casseurs et les menaces d’interdire les manifestations.

Jeudi, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a appelé M. Martinez à «prendre ses responsabilités» et à «condamner» les syndicalistes qui seraient coupables de violences. «Je trouve un peu paradoxal, alors qu’il y a un dialogue qui va s’ouvrir, qu’il y ait une telle charge» contre la CGT, a relevé M. Martinez, se félicitant du «rendez-vous» d’une heure avec la ministre du Travail, prévu vendredi à 08h00.

Il s’y rendra accompagné de Catherine Perret et Fabrice Angéi, membres du bureau confédéral de la centrale de Montreuil, pour discuter des articles qui cristallisent l’opposition de la CGT, sur l’inversion de la hiérarchie des normes, la définition du licenciement économique, les accords de développement de l’emploi, le référendum d’entreprise et la médecine professionnelle, a précisé M. Angéi.

«Le souci, c’est que le gouvernement ne veut pas bouger d’un pouce. Nous avons des propositions, qui ne sont ni un compromis ni un recul, mais qui peuvent faire vivre la démocratie sociale», a-t-il ajouté.

Or Manuel Valls, pour qui la mobilisation est sur une pente «décroissante», l’a redit cette semaine: «le texte ira jusqu’au bout». Et l’article 2, qui prévoit la primauté des accords d’entreprise sur les accords de branche, vivement contesté jusque dans le camp des syndicats dits «réformistes», ira aussi «jusqu’au bout». Le rapporteur de la loi Travail à l’Assemblée, Christophe Sirugue, a également jugé «compliqué de toucher» à cet article compte tenu de sa «place de symbole».

Ne pas lâcher

Les menaces d’interdictions de manifester, lancées mardi par François Hollande et Manuel Valls, continuaient de faire réagir jeudi, après avoir déclenché un tollé jusque dans les rangs de la gauche. «Le gouvernement choisit de faire une manipulation, une énorme manipulation pour occulter la réalité de la manifestation et pour qu’on ne parle plus de loi travail», s’est emporté Pierre Laurent, le secrétaire national du Parti communiste (PCF).

«Je ne pense pas que ce soit une bonne décision», a de son côté réagi l’ancien ministre Arnaud Montebourg, rappelant que le droit de manifester était «un droit constitutionnel, acquis de haute lutte». Mais après quatre mois de mobilisation, il apparait compliqué pour les syndicats contestataires de faire vivre le mouvement «massivement».

Restant flous sur les modalités des actions annoncées les 23 et 28 juin, ils espèrent que les résultats de la votation citoyenne, communiqués le 28 juin à la présidence de la République, infléchissent la position de François Hollande. Le président n’a toujours pas répondu à leur courrier pour être reçus «rapidement». Si à partir de fin mai, les grèves dans les secteurs névralgiques (énergie, raffinerie, transports, déchets…) avaient pris le relais des manifestations nationales, elles se réduisent à peau de chagrin désormais.

La SNCF évoque des perturbations «résiduelles» jeudi, après deux semaines de grèves. Et il y a encore des blocages de sites de traitements des déchets par des éboueurs et agents en grève en région parisienne et dans les Bouche-du-Rhône. Toutefois, le mot d’ordre de «détermination» de l’intersyndicale reste d’actualité. «S’il prenait l’idée au gouvernement de passer en force à l’Assemblée Nationale en juillet avec le 49.3, elle ne lâcherait pas, y compris à la rentrée», prévient Force ouvrière.

Le Quotidien/AFP