La guerre des nerfs continue entre le gouvernement et les opposants à la loi travail, à huit jours de l’Euro, avec des initiatives multiformes sur tout le territoire, entraînant des perturbations notamment dans les transports, mais sans blocage majeur.
Alors que des grèves persistent aussi dans les raffineries, dans les ports et docks, l’énergie, et ont débuté lundi dans le secteur du traitement des déchets, le Premier ministre Manuel Valls a évoqué son «sentiment de gâchis» sur l’impact économique du conflit social.
La journée a commencé par de nombreux blocages et barrages filtrants partout en France, qu’il s’agisse de la centrale de Flamanville, de la gare de Lorient, des chantiers navals STX de Saint-Nazaire, de l’usine Renault Cléon près de Rouen, d’une zone d’activités du Bas-Rhin ou encore des zones industrielles de Dieppe et Foix. A Toulouse, huit policiers ont été légèrement blessés en intervenant sur un blocage.
Un cortège d’au moins 2 500 personnes s’est mis en branle peu après 11h00 à Nantes, et a donné lieu à un face-à-face tendu entre plusieurs dizaines de jeunes au visage dissimulé et les forces de l’ordre. Entre 1 300 et 5 000 personnes ont manifesté sur un site Arkema dans la banlieue de Lyon, en marge d’une visite du ministre de l’Economie, Emmanuel Macron. D’autres manifestations sont prévues, notamment à Rennes, Toulouse et Marseille, tandis qu’un cortège de cheminots défilera à Paris.
En pointe de la mobilisation contre la réforme du travail, le patron de la CGT, Philippe Martinez, a accusé l’exécutif de refuser le dialogue, renvoyant au gouvernement la responsabilité d’éventuelles grèves pendant l’Euro. Il a promis cette semaine «la plus forte mobilisation depuis trois mois». Mais le gouvernement entend «tenir sur le fond» du projet de loi travail, sur lequel près de 400 amendements ont été déposés en commission au Sénat, après l’utilisation précoce du 49-3 à l’Assemblée nationale. «Nous n’allons pas retirer le texte», a encore répété la ministre du Travail, Myriam El Khomri, jeudi matin.
Jeudi, une centaine de grévistes occupaient le siège du Medef de l’Aude, selon des sources syndicales et des manifestants ont brièvement bloqué Radiall, l’entreprise du patron du Medef, Pierre Gattaz, dans l’Isère. Ce dernier avait créé la polémique en comparant certains militants de la CGT à des «terroristes». Un mot «inadapté», a-t-il ensuite reconnu, tout en décriant les «méthodes de voyous» du syndicat.
Trafic normal à la RATP
A la SNCF, où les négociations d’entreprise sont dans leur phase finale, le trafic des trains était perturbé jeudi matin pour la deuxième journée consécutive, après la reconduction de la grève votée par toutes les assemblées générales. L’entreprise prévoit seulement 40% des Transiliens et RER en circulation, le tiers des Intercités, la moitié des TER et six TGV sur dix.
Dans les transports publics parisiens, la CGT-RATP a appelé à partir de jeudi à une grève illimitée pour des questions salariales et contre le projet de loi travail. Mais le trafic était normal dans le métro, les bus, les tramways et sur la ligne A du RER. Côté ciel, le trafic s’annonçait légèrement perturbé jeudi, notamment à Orly et Lille où Air France a annulé 10% des vols, en raison d’une grève des contrôleurs aériens à l’appel de la CGT-fonction publique contre «l’inacceptable» loi travail.
En revanche, les cinq syndicats de contrôleurs aériens ont levé leur préavis de grève pour le week-end, après une réunion de négociation sur les effectifs et les primes. Les difficultés pourraient arriver plus tard: à Air France, la menace d’une grève des pilotes en juin s’est précisée, avec un préavis annoncé par le Spaf (deuxième syndicat) à compter du 11 juin. Le SNPL (majoritaire) se prononcera dans la semaine.
Du fait des grèves, six raffineries sur huit restaient «à l’arrêt ou au ralenti», selon la CGT-pétrole.
Côté énergie, la CGT accentue son action avec un appel à la grève reconductible, tandis que la CFE-CGC-Energies et l’Unsa-Energies se joignent à la mobilisation jeudi. Des arrêts de travail ont été votés dans 16 des 19 centrales nucléaires françaises, et des militants ont basculé plus d’un million de foyers en tarifs heures creuses en Ile-de-France, ainsi qu’à Lorient et dans les environs de Cherbourg.
Le Quotidien/AFP