Pour la première fois en plus de trois mois de contestation, les opposants au projet de loi travail vont converger mardi sur Paris pour une journée de « mobilisation nationale » que la CGT prédit « énorme ».
A ceux qui « spéculent » sur la démobilisation, « nous allons faire la démonstration » d’une mobilisation « comme nous n’en avons jamais connue depuis quatre mois », a lancé samedi le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez.
Quelque 450 cars avaient été affrétés samedi en région parisienne, selon lui, pour que les contestataires puissent rejoindre le cortège dans la capitale, qui partira vers 13h15 de la place d’Italie pour rejoindre les Invalides, à l’appel de l’intersyndicale (CGT, FSU, FO, Solidaires, Unef, UNL, Fidl). Des actions en province sont aussi prévues.
Philippe Martinez espère rassembler davantage de monde qu’au pic de la mobilisation, le 31 mars, où près de 390.000 personnes avaient manifesté dans 250 villes, selon les autorités, 1,2 million selon les organisateurs.
Des délégations de syndicats belge (FGTB), espagnols (CCOO et UGT), italien (CGIL), suisse (USS) devraient également se joindre à cette manifestation à Paris où, mardi, aucun match de l’Euro de football n’est programmé.
Alors que le texte arrive en séance publique au Sénat lundi, les manifestants ne désarment pas, demandant le retrait d’un projet jugé trop favorable aux entreprises, pas assez protecteur pour les salariés.
Ni retrait, « ni détricotage », martèle de son côté depuis plusieurs mois le gouvernement qui a eu recours à l’article 49-3 de la Constitution afin de le faire adopter sans vote à l’Assemblée nationale.
En plein Euro de football – une « fête populaire » que la CGT dit ne pas vouloir gâcher -, l’exécutif table sur le coup de barre à droite que le Sénat devrait apporter au texte pour rassembler son propre camp et faire reculer la contestation.
Et à quelques heures du coup d’envoi de l’Euro vendredi, la ministre du travail, Myriam El Khomri, s’est aussi dite prête à recevoir Philippe Martinez « dans la minute » – avant un rendez-vous prévu le 17 juin – si cela pouvait permettre de lever tous les blocages dans le pays.
« Je suis disponible », a rétorqué le lendemain l’intéressé. « Elle connaît mon numéro de portable »…
« Nous assistons à un jeu de rôles où chacun prétend montrer ses muscles », commentait dimanche dans la presse le représentant de la CFDT, Laurent Berger, favorable au projet.
Pour cette journée de mobilisation, la pression viendra aussi des entreprises, où des mouvements de grève pour des raisons internes croiseront la contestation du projet de loi travail.
Les cheminots de la SNCF reconduisent eux régulièrement depuis le 1er juin un mouvement de grève, qui perturbe le trafic, pour défendre leurs conditions de travail et demander le retrait de la loi El Khomri.
Le secteur de l’énergie devrait être à nouveau touché, avec un appel à cesser le travail de trois fédérations (FNME-CGT, FO et la CFE-CGC). En province, cela pourrait à nouveau se traduire par des baisses de production et des passages d’abonnés en heures creuses, coupures de courant…
Du côté des déchets, le blocage de l’usine de l’incinération d’Ivry-sur-Seine/Paris 13 depuis deux semaines doit se poursuivre jusqu’à mardi.
La Ville de Paris a « redéployé » son dispositif pour faire enlever les poubelles qui s’amoncelaient dans les rues de la capitale par des entreprises privées. Ce nettoyage avait porté ses fruits dans certains quartiers dimanche mais pas partout.
Une grève des marins CGT, lundi et mardi, devrait aussi affecter les compagnies Corsica Linea (ex-SNCM) et la Méridionale, qui desservent la Corse.
Du côté de la Santé, un appel à faire grève a été lancé contre la mise en place des GHT (groupements hospitaliers de territoire) modifiant l’organisation des établissements de santé, qui selon eux sont « liés » à la loi travail.
Enfin, sans lien avec la loi travail, les pilotes d’Air France qui s’opposent à une baisse de certaines règles de rémunération et réclament des garanties sur la pérennité de leur compagnie, ont prévu une dernière journée de grève mardi.
Le Quotidien / AFP