L’appétit grandissant de la Chine pour le football a été à nouveau illustré lundi, et de façon spectaculaire, par la prise de contrôle de l’Inter Milan, l’un des géants du calcio, par Suning, un groupe de distribution de produits électroniques et d’électroménager.
Le groupe chinois a annoncé avoir acquis 68,55% des parts du club nerazzurro, pour un montant estimé à environ 270 millions d’euros. L’homme d’affaires indonésien Erick Thorir, qui avait pris les commandes de l’Inter il y a trois ans, reste pour l’instant président du club. Mais il n’en détient plus que 31% environ et les médias italiens assurent que Suning a l’intention de s’assurer rapidement le contrôle de 100% des parts du club.
L’industriel italien Massimo Moratti, président de 2006 à 2013 et dont le père Angelo avait déjà été président de 1955 à 1968, a en revanche cédé ses 29,5% du capital et n’a plus le moindre poids dans le club. Si la Chine s’est montrée très active depuis quelques mois dans le business du football, sous l’impulsion de son président Xi Jinping, l’Inter, 18 fois champion d’Italie et trois fois vainqueur de la Ligue des Champions, est le premier club d’une telle importance à passer sous pavillon chinois.
L’autre grand club milanais, l’AC Milan, pourrait le rejoindre, puisque son président Silvio Berlusconi est actuellement lui aussi en discussions avec un groupe d’investisseurs chinois. En mai, Aston Villa, depuis relégué en deuxième division anglaise, avait bien été racheté par le conglomérat Recon mais le club de Birmingham n’a pas la même histoire que les deux clubs lombards.
Le groupe Wanda, propriété du milliardaire Wang Jianlin, possède de son côté 20% de l’Atletico Madrid depuis 2015 et un consortium de fonds d’investissement étatiques menés par China Media Capital avait également acquis en décembre 13% des parts de Manchester City. L’opération Inter-Suning est donc d’un autre calibre, même si le club lombard, lourdement endetté et ciblé par les experts du fair-play financier de l’UEFA en mai 2015, traverse une période difficile.
Avec Ramires et Leonardo
Son dernier trophée remonte à 2011 et à une victoire en Coupe d’Italie et il ne participera pas la saison prochaine à la Ligue des Champions, une compétition qu’il n’a plus fréquentée depuis 2011-2012. Mais lors d’une conférence de presse organisée à Nankin (Est), le président-fondateur de Suning Zhang Jindong a assuré sur fond d’images de la Grande Muraille et du Duomo de Milan qu’il comptait renouer avec « la glorieuse histoire du passé ». « L’arrivée de Suning assure un avenir encore plus brillant à l’Inter », a-t-il promis, ajoutant que le club serait « un élément important du développement international » de son groupe.
« Bientôt, notre marque sera importante également en Europe », a-t-il dit, parlant de l’acquisition de l’Inter comme d’un « choix très stratégique ». Mais pour les tifosi milanais, le développement de la marque Suning importe moins que sa surface financière, qu’ils imaginent déjà au service d’un mercato flamboyant. « Suning va injecter des fonds au sein de l’Inter qui aideront à attirer encore plus de joueurs de talent », a promis lundi Zhang Jindong. Son groupe est déjà propriétaire de l’équipe du Jiangsu Suning (L1 chinoise), qui a battu à deux reprises le record pour un transfert en Asie lors du dernier mercato hivernal.
Le club avait alors recruté les Brésiliens Ramires (Chelsea) et Alex Teixeira (Shakhtar Donetsk), pour 28 et 50 millions d’euros respectivement et les médias sportifs italiens parlent déjà de la possibilité de voir ces deux joueurs renforcer l’Inter dès la saison prochaine.
Un autre nom est apparu lundi dans les médias italiens, celui de l’ancien entraîneur de l’Inter et ex-directeur sportif du Paris SG Leonardo. Le Brésilien a annoncé fin-mai qu’il était proche d’un retour dans le football et il a le profil pour accompagner en tant que directeur sportif cette nouvelle page de l’histoire de l’Inter.
Le Quotidien / AFP
Les investissements chinois dans les clubs européens
L’Inter Milan, dont le géant Suning a racheté près de 70% des parts, est le sixième club européen à recevoir un investissement chinois, preuve de l’intérêt grandissant des grands groupes du pays pour le football du Vieux Continent.
Atletico Madrid (ESP)
L’homme le plus riche d’Asie, Wang Jianli, a impulsé le mouvement en janvier 2015, en faisant l’acquisition de 20% du capital de l’Atletico Madrid. Son conglomérat, Dalian Wanda Group, a déboursé 45 millions d’euros pour s’offrir une participation dans le club finaliste en 2014 et 2016 de la Ligue des champions.
Slavia Prague (CZE)
Le groupe CEFC China Energy, la 6e plus grande entreprise privée du pays, a pris une participation majoritaire de 60% dans le Slavia Prague en septembre 2015. Avec un objectif: « stabiliser rapidement la situation économique » du club tchèque, en proie à d’importants soucis financiers.
Manchester City (ENG)
En octobre 2015, le président chinois Xi Jinping, grand amateur de foot, visitait les locaux de Manchester City. En décembre, un consortium des fonds d’investissement China Media Capital et CITIC Capital achetait 13% du club, pour près de 350 millions d’euros, auprès de son propriétaire, le cheikh Mansour d’Abou Dhabi. Au-delà de surfer sur la popularité de la Premier League en Chine, le président de China Media Capital, Ruigang Li, souhaitait que l’investissement « bénéficie à l’industrie du football chinois ».
Espanyol Barcelone (ESP)
Le groupe du milliardaire Chen Yasheng, Rastar, est devenu en janvier l’actionnaire majoritaire de l’Espanyol Barcelone, alors en très grandes difficultés financières. Le spécialiste des jouets, jeux vidéos et modèles réduits a acquitté 50 millions d’euros pour contrôler 54% du capital.
Aston Villa (ENG)
L’homme d’affaires Tony Xia aurait mis près de 87 millions d’euros sur la table, en mai, pour s’offrir Aston Villa. Son conglomérat Recon a acquis 100% des parts de l’ancien propriétaire américain Randy Lerner, qui essayait de vendre depuis deux ans, alors que l’équipe de Birmingham était reléguée en deuxième division.