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Levallois sous le choc après l’incarcération de Patrick Balkany


Le couple Balkany est au commande de la ville de banlieue parisienne depuis plusieurs décennies. Du coup, c'est le choc à Levallois (Photo : AFP).

« Il n’a tué personne ! » A Levallois-Perret, l’incarcération du maire Patrick Balkany, condamné pour fraude fiscale vendredi, a choqué une partie des habitants de la commune qu’il a dirigée quasiment sans interruption depuis 1983.

Le baron des Hauts-de-Seine a été condamné vendredi à quatre ans de prison ferme et dix ans d’inéligibilité avec incarcération immédiate. Il a été conduit en début d’après-midi à la prison de la Santé, tandis que son épouse et première adjointe Isabelle Balkany, condamnée à trois ans de prison ferme mais sans incarcération, a regagné la mairie de Levallois, visiblement très abattue, soutenue par son fils Alexandre.

« On doit tous payer pour ce qu’on a fait. Il a échappé à la prison depuis longtemps grâce à ses relations. Maintenant, c’est fini », lâche Alexandre, serveur dans un bar attenant à la mairie. « Mais les gens, ici, ils sont de son côté », poursuit-il: « Ils vont être choqués, c’est sûr, parce qu’il a beaucoup fait pour la ville ». La décision a suscité la stupeur chez de nombreux habitants. Au-delà de la condamnation, c’est l’incarcération immédiate de leur maire qui a frappé les esprits. « Je trouve ça franchement excessif. Il n’a tué personne ! Qu’on lui saisisse ses biens, à la limite. Mais de la prison… », s’indigne une commerçante du centre-ville, qui souhaite rester anonyme.

« Le délit de sale gueule »…

« Je pense qu’il n’est pas traité équitablement par rapport aux autres hommes politiques. Ça sent un peu le délit de sale gueule », estime Marie Dubuc, qui débat de la décision avec son compagnon à la terrasse d’un café. « La société n’est pas en danger quand M. Balkany est dehors ! C’est un maire et une adjointe très impliqués. C’est génial de vivre à Levallois », ajoute cette mère de quatre enfants, habitante de la commune depuis 20 ans, en assurant qu’elle voterait pour M. Balkany s’il se représente. Son mari Jean, au contraire, ne lui donnera plus sa voix, « pour le côté républicain ». Pour lui, « un maire doit être irréprochable ». Mais il juge lui aussi la décision disproportionnée. « On le traite comme quelqu’un de dangereux pour la sécurité publique », s’étonne-t-il, estimant que l’affaire qui concerne le couple est « d’ordre privé » et « n’a rien à voir avec la Ville de Levallois ».

Même l’opposition doute

Même Arnaud de Courson, président du groupe d’opposition au conseil municipal, est mitigé. « Il est normal que quelqu’un qui fraude les impôts soit condamné, sinon plus aucun Français ne paiera les impôts. (…) L’inéligibilité est normale », dit-il, mais « le mandat de dépôt est de trop. Cela ne sert à rien en la matière ». Cette incarcération ouvre une période de flou quant à l’avenir politique de la commune. Avant le jugement, un conseil municipal était prévu le 23 septembre. « Il sera maintenu », assure David-Xavier Weiss, adjoint au maire délégué à la jeunesse, à l’événementiel et à la communication. « Isabelle Balkany reste la première adjointe, donc elle continue de conduire la majorité municipale », affirme-t-il, tout en dénonçant la décision d’une « justice spectacle dont l’absence d’indépendance par rapport au pouvoir exécutif laissera toujours penser à une instrumentalisation ».

La page est tournée

L’avenir de Levallois « à court terme, je suis incapable de vous dire », glisse Bertrand Percie du Sert, ancien conseiller municipal de la majorité qui a rejoint LREM en juin. Mais « à long terme, la page Balkany est tournée », assure-t-il: « C’est fini, c’est l’ancien temps, l’ancienne politique. Les Français aujourd’hui aspirent à autre chose ». L’incarcération « reflète la gravité des faits », estime Dominique Tiger, président de l’Association des contribuables de Levallois-Perret (ACLP), tout en précisant toutefois que l’association ne réclamait pas un emprisonnement. Plus qu’une fin pour Levallois, « c’est un début », « la naissance d’autre chose », espère-t-il. « Vous avez parfois des naissances qui sont un peu violentes ».

AFP