Le déménagement du bâtiment Jean-Monnet a pris du retard. Mais les négociations seraient bien avancées.
Le bâtiment Jean-Monnet devait être abandonné au 31 décembre dernier. (Photos : braunfels architekten/archives LQ)
Le bâtiment Jean-Monnet (JMO) a été construit en 1975, 1 700 personnes (dont 1 250 traducteurs) y travaillent pour le compte de la Commission européenne. À l’époque, il avait été construit pour 25 ans, c’est dire si l’on commence aujourd’hui à tirer sur la corde…
Le problème est très sérieux puisque la présence d’amiante pose de graves problèmes. Un rapport, publié il y a un an, révélait qu’en de nombreux endroits, ce matériau n’était plus protégé et pouvait se répandre dans l’air au moindre frottement.
Le 24 juin 2014, le comité de Sécurité et d’hygiène au travail recevait même la confirmation que deux employés (des techniciens électriciens) qui y travaillaient depuis des années étaient malades du fait de la présence de cet amiante. Un cancer a notamment été décelé chez l’un d’eux.
Depuis, les annonces de l’imminence du transfert se sont succédé. Un groupe de travail réunissant des hauts fonctionnaires luxembourgeois et européens a été mis sur pied l’été dernier, pour trouver une solution qui permettrait de faire le lien en attendant la construction du bâtiment Jean-Monnet 2 (en partie sur le site de l’actuel JMO) dont la première phase ne sera pas achevée avant 2019 et la seconde avant 2023.
> Les loyers restent à négocier
A priori, le bail liant la Commission européenne et le Fonds d’urbanisation et d’aménagement du plateau du Kirchberg devait s’achever au 31 décembre 2014. Mais aujourd’hui, le transfert n’a toujours pas débuté et celui-ci a finalement été prolongé en attendant que les négociations en cours aboutissent.
Le dossier est effectivement compliqué. Au ministère des Affaires étrangères, on indique que « Jean Asselborn et Kristalina Gueorguieva (NDLR : la vice-présidente de la commission en charge du Budget et des Ressources humaines) sont en contact régulier et que les négociations sont en cours. » On argue du fait qu' »il est préférable de prendre le temps qu’il faut pour parvenir à un bon accord », plutôt que de bâcler un déménagement réalisé en dépit du bon sens.
De sources bien informées, il apparaît que la recherche des locaux aurait en réalité déjà abouti. Le Comité immobilier de la Commission, qui a analysé les offres présentées pour suppléer le Jean-Monnet, aurait approuvé le choix de quatre bâtiments situés à la Cloche d’or. Le principal d’entre eux est le centre Drosbach, ce grand ensemble composé de cinq ailes, rayonnant autour d’une tour que l’on peut voir depuis l’autoroute (lire par ailleurs).
Si les négociations prennent du temps, il s’agirait donc davantage aujourd’hui de négocier le coût de la location, qui sera nécessairement très élevé compte tenu des surfaces nécessaires…
Pour les employés qui œuvrent dans un Jean-Monnet rafistolé pour pallier les dangers les plus immédiats, naturellement, le temps est compté. Car plus il passe et plus l’infrastructure située à l’entrée du Kirchberg (côté Pont Rouge) se dégrade.
Aujourd’hui, ce qui est certain, c’est qu’il va falloir patienter. Car lorsque le choix des futurs locaux sera arrêté, il faudra encore qu’il soit validé en interne, à la Commission, puis par le Conseil de gouvernement. Le déménagement, ce n’est pas encore pour maintenant…
De notre journaliste Erwan Nonet