Des hommages à des membres de l’ETA tout juste sortis de prison suscitent une réprobation quasi-unanime en Espagne, où le parquet va enquêter sur de possibles délits d’apologie du terrorisme.
« Dans une société qui a fait tant d’efforts pour la paix, on ne peut pas rendre hommage aux terroristes. C’est condamnable d’un point de vue moral et politique », a fulminé mardi sur la radio publique RNE la vice-présidente du gouvernement socialiste, Carmen Calvo.
Le week-end dernier, deux membres de l’organisation séparatiste basque dissoute en 2018 ont été reçus dans leurs villages au Pays basque avec drapeaux basques et fumigènes, après avoir passé 29 et 22 ans sous les verrous pour des attentats et enlèvements. Le parquet a annoncé une enquête à la demande de l’exécutif qui considère « inadmissibles » des faits qu’il qualifie d’ « insulte aux victimes du terrorisme et à la société dans son ensemble ».
Ces réceptions pour recevoir les « etarras » sortis de prison sont, selon les associations de victimes du terrorisme, une pratique habituelle au Pays basque et en Navarre. Le collectif Covite en a dénombré 130 depuis 2016.
Des fêtes dénoncées par les élus
Fustigées par la droite et les socialistes, dont les élus furent pendant des années des cibles du groupe armé, ces réceptions ont cette fois été condamnées par le gouvernement basque, dirigé par le nationaliste modéré Iñigo Urkullu. Le président régional a exigé que « ceux qui organisent ce genre d’évènements, s’ils ont un minimum de sensibilité humaniste, pensent aussi à la douleur des victimes » de l’ETA, auquel sont attribuées 853 morts en quatre décennies de violences pour l’indépendance du Pays basque et de la Navarre.
Tous les partis ont condamné ces hommages, sauf la gauche indépendantiste, régulièrement accusée par le passé d’être le relais politique de l’ETA. La coalition EH Bildu qui rassemble aujourd’hui ces mouvements indépendantistes, a estimé normaux ce qu’elle appelle des rassemblements des « amis et de la famille » de gens séparés de leurs proches pendant des années derrière les barreaux.
La polémique a gagné le terrain politique, les socialistes s’apprêtant à faire élire à la tête de la Navarre leur candidate Maria Chivite grâce à l’abstention d’EH Bildu. Le Parti populaire (PP, conservateur) a accusé les socialistes d’avoir passé avec les indépendantistes un « pacte de la honte » pour gouverner la Navarre, que les indépendantistes considèrent comme faisant partie du Pays Basque.
LQ/AFP