Un tiers des sociétés-écrans établies par le cabinet au cœur des « Panama Papers » l’étaient à l’initiative de ses bureaux en Chine, a-t-on appris sur fond de nouvelles révélations.
Des détails supplémentaires fournis par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) confirmaient jeudi l’ampleur spectaculaire de la demande chinoise dans les activités du cabinet d’avocats Mossack Fonseca. Ce sont ainsi plus de 16 300 sociétés offshore qui ont été enregistrées par le cabinet panaméen pour le compte des clients de ses huit bureaux basés en Chine continentale et à Hong Kong, soit 29% du total des sociétés qu’il a établies à travers le monde.
Mossack Fonseca est présent depuis l’an 2000 en Chine populaire, où il a même coopéré avec le gouvernement et des banques étatiques, selon des informations du cabinet. Dans un entretien en 2007 avec le magazine China Economic Weekly, Zhang Xiaodong, présenté comme un responsable local de Mossack Fonseca, expliquait ainsi que des firmes offshore permettaient des acquisitions à l’international en « contournant » les restrictions imposées par certains pays. Mais les « Panama Papers » révèlent qu’un usage bien plus large était fait de ces montages juridiques complexes, au profit d’individus fortunés, dont la deuxième économie mondiale fournissait un gisement crucial à Mossack Fonseca.
Toujours en poste au sommet de l’État
Les sociétés offshore, non illégales en soi, peuvent camoufler la provenance de gains illicites. Certes, Pékin a engagé depuis trois ans une vaste campagne anticorruption destinée à assainir les rangs du Parti communiste chinois (PCC), avec à la clef de nombreuses arrestations de cadres. Mais, alors que l’efficacité de cette campagne reste controversée, les « Panama Papers » jettent le trouble en épinglant des hiérarques toujours en poste au sommet de l’État.
« Au moins huit membres », anciens ou actuels, du tout-puissant comité permanent du Bureau politique du PCC, l’organe qui dirige le pays, ont été mentionnés par l’ICIJ.
De nouveaux articles apportaient jeudi des précisions. Deng Jiagui, beau-frère de l’actuel président Xi Jinping, a ainsi contrôlé deux firmes enregistrées aux Iles Vierges britanniques pendant environ un an et demi, entités dissoutes avant l’accession de Xi à la tête du Parti et de l’État en 2012, indique le Guardian. Le quotidien britannique insiste également sur le fils de l’ex-secrétaire général du PCC Hu Yaobang -écarté en 1987-, et le mari de la fille adoptive de Zhang Gaoli, actuel membre du comité permanent du Bureau politique. De son côté, ajoute le Guardian, le frère de l’ancien vice-président Zeng Qinghong était directeur d’une société enregistrée successivement dans plusieurs territoires, dont les îles Samoa, et qu’il administrait au côté d’un autre « prince rouge », fils d’un ex-vice président et membre du bureau politique, Tian Jiyun. L’implication de la fille de l’ex-Premier ministre Li Peng et de la petite-fille du haut dirigeant Jia Qinglin était elle déjà connue.
Ces informations tirées des « Panama Papers » demeuraient jeudi largement censurées dans les médias chinois, comme sur les réseaux sociaux du pays.