De nombreux manifestants rassemblés à Alger pour un quatrième vendredi consécutif de manifestations contre Abdelaziz Bouteflika brandissent des pancartes hostiles à la France, ex-puissance coloniale, et à son président, l’accusant de soutenir le maintien au pouvoir du chef de l’État algérien.
Renonçant lundi à sa candidature à un 5e mandat – contestée dans la rue – Abdelaziz Bouteflika a reporté l’élection présidentielle jusqu’à l’issue d’une prochaine « conférence nationale » censée réformer le pays, prolongeant de fait son actuel mandat au-delà de son expiration le 28 avril.
Une décision « saluée » quelques heures plus tard par le président français, Emmanuel Macron, qui a aussi appelé à « une transition d’une durée raisonnable ».
Vendredi, les manifestants portaient plusieurs pancartes rappelant les 132 ans de domination coloniale française, entre 1830 et 1962, année de l’indépendance du pays, conquise au prix de huit ans de guerre sanglante.
« La France, 132 ans ça suffit, halte à l’ingérence », indique une pancarte. « L’Élysée, stop! On est en 2019, pas en 1830 », date de la conquête de l’Algérie par la France, souligne une autre.
D’autres dénoncent une présumée collusion entre Paris et le pouvoir algérien.
« Résistance à l’alternance désignée par la France », peut-on lire sur une grande banderole.
« Non à un système béni par la France! », dénonce une pancarte. « FLN = Réseau de lobbying de la France », indique une autre en anglais, en référence au Front de libération nationale (FLN) au pouvoir depuis l’indépendance de l’Algérie.
Certaines pancartes ironiques s’adressent directement au président français : « Macron, tu es trop petit pour l’Algérie d’aujourd’hui ».
« Macron, occupe-toi de tes gilets jaunes », peut-on lire sur une grande banderole qui fait référence à la contestation en France des « cilets jaunes » qui critiquent la politique du président Macron.
« La France nous a fait beaucoup de tort » en saluant la prolongation du mandat du président Bouteflika, affirme Mounira, 77 ans, enseignante universitaire à la retraite. « Les autres pays suivent souvent la position de la France sur l’Algérie », explique-t-elle, dénonçant de la part de la France « une vision biaisée des manifestations et de l’Algérie ».
AFP