Derniers sondages, derniers meetings, dernières petites phrases… la campagne pour le premier tour des élections départementales tirait à sa fin vendredi avec les ultimes efforts des leaders politiques pour convaincre leur électorat de se déplacer dimanche.
Nicolas Sarkozy lors d’un meeting à Dammarie-les-Lys, en Seine-et-Marne, le 20 mars 2015. (Photo : AFP)
Si la campagne ne s’achève officiellement que dimanche à 00h00, la publication des sondages et la distribution des documents électoraux sera déjà interdite samedi.
Sur le terrain, Manuel Valls a achevé dans la Drôme et l’Ardèche deux semaines intenses de meetings un peu partout en France. Pour mobiliser l’électorat de gauche, le Premier ministre a choisi de faire du combat contre le FN l’enjeu principal de l’élection, une stratégie qui n’a pas fait l’unanimité au PS et lui a été reprochée notamment par Jean-Marc Ayrault.
« On ne peut pas accepter que le Front national soit la première force politique de notre pays et c’est pour cela que je me suis pleinement engagé pour mobiliser tous les citoyens, tous les républicains », a-t-il répété lors du meeting à Vivier (Ardèche), selon un extrait de son discours diffusé sur iTélé.
Nicolas Sarkozy, épinglé au sein même de sa formation par ses dernières sorties très à droite sur la laïcité (interdiction du voile à l’université, pas de menu de substitution au porc dans les cantines) a tenu un dernier meeting en début de soirée à Dammarie-les-Lys (Seine-et-Marne). Il a encore une fois martelé sa formule « FNPS » et a profité de sa présence en Seine-et-Marne, pour «saluer» l’ancien président de l’UMP Jean-François Copé, député du département et absent au meeting, et « lui dire qu’on a besoin de lui », devant un millier de personnes selon les organisateurs.
Marine Le Pen, pour qui les attaques des socialistes font « tomber les voix » pour son parti, a fini sa campagne avec des éleveurs normands dans la Manche. Rien n’a semblé devoir freiner la dynamique du FN pendant cette campagne, pas même les révélations sur ses dizaines de candidats auteurs sur les réseaux sociaux de propos xénophobes, islamophobes ou homophobes.
Les derniers sondages publiés vendredi (Ifop et Ipsos) donnaient toujours le FN et l’alliance UMP-UDI au coude à coude autour de 29-30%, loin devant le PS autour de 20%. Les bloc de droite (avec le Modem et les divers droite) et de gauche (avec les divers gauche, les écologistes et le Front de gauche) réuniraient chacun environ 35% des voix. L’abstention s’établirait à 53-54%, avec une mobilisation sensiblement plus forte des électeurs du FN et de la droite.
Plus de 43 millions d’électeurs sont appelés aux urnes pour élire pour six ans leurs conseillers départementaux, à raison de deux -un inédit binôme homme/femme- pour chacun des 2.054 cantons.
Pour Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’Ifop, « du fait de la très forte division de la gauche au premier tour, marquée par une dispersion de ses forces dans plus de 80% des cas, celle-ci risque d’être éliminée au soir du 22 mars dans de très nombreux cantons », puisqu’il faut franchir le seuil de 12,5% des inscrits si l’on n’est pas arrivé dans les deux premiers.
Selon une étude du Cevipof , « Seuls 433 cantons sur 2.054 verront la gauche se rassembler autour d’un seul binôme, contre 1.285 pour la droite ».
> Le PS appelle au vote utile
La dispersion des voix de gauche est la principale crainte des dirigeants du PS qui multiplient les appels au vote utile.
Bruno Le Roux, chef de file des députés PS, a ainsi appelé les électeurs à faire « le rassemblement de la gauche dès le premier tour » en « votant pour le candidat capable de gagner au second tour » c’est-à-dire « les candidats socialistes et écologistes ». Selon lui, il n’y a pas dans l’opinion « de rejet de la gauche » mais « parce que nous sommes divisés, nous risquons de disparaître ». Se référant à l’actualité du jour, le député UMP Bruno Le Maire a pronostiqué « une éclipse totale du PS dimanche ».
A l’issue du second tour le 29 mars, la gauche pourrait perdre une trentaine de départements, voire plus, alors qu’elle en administre 61 sur 101. Elle est menacée dans des bastions comme la Seine-St-Denis et la Haute-Garonne et pourrait perdre la Corrèze, dirigée par François Hollande de 2008 à 2012. Le radical Jean-Michel Baylet est en danger dans le Tarn-et-Garonne, le PCF dans ses terres de l’Allier et du Val-de-Marne.
Les plus grandes chances du FN de gagner un département résident dans le Vaucluse. L’Aisne, l’Oise et le Var semblent plus durs à conquérir. Mais c’est la droite qui devrait rafler la mise, d’autant que, là où il ne peut pas gagner, le PS appellera sans doute à voter pour elle afin de faire barrage au FN.
AFP