Le désormais ex-défenseur central du Progrès a joué trois fois à Ibrox Park alors qu’il évoluait en Écosse. Il nous a expliqué ce qui attendait les Niederkornois, jeudi.
Combien de fois avez-vous foulé cette pelouse d’Ibrox Park ?
Ismaël Bouzid : De tête, je dirais trois fois. C’est un stade superbe, mythique même avec une façade en briques qui ne permet vraiment pas de penser qu’il y a un stade à l’intérieur. Même les vestiaires ne sont pas si grands que ça, ni même luxueux. Ils sont à l’ancienne, avec un peu de bois. Ils sont à l’image du club. Ça a son charme. Et puis le terrain, c’est comme partout en Angleterre : vous pourriez dormir dessus! Logique : beaucoup de pluie, un peu de soleil seulement. Et puis il y a une ambiance complètement barrée. J’ai dit à mes anciens coéquipiers avec lesquels j’ai pu parler : « Profitez-en bien, faites-vous de beaux souvenirs, parce que ça va passer vite. » Ils n’oublieront jamais ce qu’ils vont vivre. D’ailleurs, j’en ai aussi vu quelques-uns depuis les tribunes, des matches, là-bas puisque j’ai eu des copains comme Madjid Bougherra ou Bilel Mohsni. C’était aussi plein contre Manchester United en Ligue des champions qu’en D4 écossaise.
Vous nous décrivez l’ambiance ?
Là-bas, quoi qu’il arrive, les gens vous poussent. Le volume sonore va monter à chaque action de but, mais s’ils marquent, alors là, la machine sera lancée et ça va devenir très compliqué. C’est comme dans un stade du genre de Fenerbahçe : on ne s’entend pas à un mètre. Et quand il faut gérer ça en plus du stress, il y en a beaucoup qui se retrouvent perdus. Comment ça pourrait être différent quand il y a 50 000 gars qui te mettent ensemble un coup sur la tête ? Les mecs restent le derrière sur leur chaise, mais attention, quand ils se mettent à chanter et que les Rangers commencent à te rouler dessus, il y a quelque chose que tu sens : ton impuissance! Tu te retrouves très vite dans le rouge.
Même pour des pros, c’est dur à gérer ?
Moi j’ai une chance : ce genre d’ambiance me motive plutôt que de me tétaniser et j’ai fait mes meilleurs matches dans ce genre d’ambiance. Mais tout le monde est différent et certains sont littéralement tétanisés. Comme on dit dans le milieu : il faut qu’ils aillent « faire leur petite crotte » avant de monter sur le terrain. Mais ça ne les empêche pas d’être en dessous de leur niveau réel. Alors je dirais qu’avant ce Rangers – Progrès, il faut être réaliste : ç’avait déjà été dur de gérer l’ambiance face aux Shamrock Rovers. Et là, ce sera incomparable…
C’est plus impressionnant que Celtic Park ?
C’est le même délire. Sauf qu’il y en a un qui est bleu et l’autre qui est vert.
Paolo Amodio, lorsqu’il était joueur, a connu Celtic Park avec la Jeunesse (en 2000). Ce genre d’expérience, même lointaine, peut-elle l’aider à appréhender cette rencontre ?
Préparer ce genre de rencontre, c’est déjà se dire que ce sera difficile de communiquer. Mais Paolo Amodio ne communique de toute façon pas beaucoup depuis son banc de touche, donc ça ne le dérangera pas forcément. Mais il y aura un gros boulot en amont pour prévoir les soucis et la façon de les régler. Il va falloir tout envisager, tout anticiper.
Votre expérience aurait pu servir non ?
Je n’ai pas de regret, ma carrière est derrière moi. Mais oui, puisque j’ai déjà vécu ça, j’aurais pu aider. Cela dit, un joueur ne peut pas changer quoi que ce soit dans ce genre de match. Il faut surtout un collectif costaud.
Entretien avec Julien Mollereau