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Le ton monte entre le gouvernement et les opposants à la loi travail


Un salarié bloque l'accès au dépôt de carburant de la raffinerie Total à Donges le 23 mai 2016. (Photo : AFP)

Le bras de fer se durcit entre le gouvernement et les opposants à la loi travail, la CGT en tête, qui entendent durcir leur mouvement par de nouveaux blocages de raffineries et dépôts de carburant, devenus épicentres de la contestation et qualifiés d’«illégitimes» par le ministre des Finances Michel Sapin.

A Marseille, la ministre du Travail Myriam El Khomri, dont le projet de loi est à l’origine de ce bras de fer entamé le 9 mars, a déploré que «des salariés», «des Français soient pris en otage, alors même que nous avons beaucoup avancé». Avant la huitième journée nationale de mobilisation programmée jeudi par l’intersyndicale CGT-FO-Solidaires-FSU-Unef-Fidl-UNL, le numéro un de la CGT, Philippe Martinez, a déploré lundi que le gouvernement choisisse «de bomber le torse, (de) gonfler les muscles» au lieu d’être à «l’écoute de ceux qui ne sont pas contents».

Philippe Martinez «ne semble pas vouloir dialoguer», a répliqué Myriam El Khomri. Pour sa part, Michel Sapin a fustigé une CGT qui, «pour des raisons souvent internes, s’est extraordinairement durcie et qui n’est que dans la protestation». Lundi, six des huit raffineries françaises étaient affectées, dont trois de Total «à l’arrêt ou en cours d’arrêt» et d’autres bloquées, comme plusieurs dépôts de carburant, principalement dans le nord-ouest de la France, soit par une grève de leurs salariés soit par des actions extérieures de chauffeurs routiers.

Du côté des ports, où le principal appel à la grève concerne la journée de jeudi, les dockers participaient localement au blocage de dépôts pétroliers, comme celui de Donges, près de Nantes ou de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône). A Nantes-Saint-Nazaire, quatrième port français, les mouvements des navires étaient autorisés dans la matinée mais devaient à nouveau être bloqués dans l’après-midi.

Si les routiers restaient mobilisés autour des dépôts de carburant et des raffineries, selon Jérôme Vérité, secrétaire général de la CGT-Transports, leur mouvement semblait cependant en perte de vitesse après les garanties apportées par le secrétaire d’État aux Transports. Alain Vidalies a notamment assuré que leur système de paiement des heures supplémentaires ne serait pas remis en cause.

S’il est «légitime de protester contre un texte de loi ou de défendre (…) un certain nombre de revendications», «il y a un moment donné (…) où on passe à l’illégitime», a jugé Michel Sapin. Aussi, de tels mouvements n’auront «évidemment pas la moindre indulgence de la part du gouvernement», a-t-il prévenu.

Recours à la force publique

Dimanche, le Premier ministre Manuel Valls a réaffirmé que l’État utiliserait au besoin la force publique pour «libérer» les dépôts de carburants bloqués. Des CRS sont déjà intervenus dimanche pour déloger les manifestants de deux dépôts de carburant de Dunkerque (Nord) et dès vendredi en Bretagne et près de Rouen. Malgré les difficultés d’approvisionnement, Alain Vidalies a quant à lui assuré qu’il n’y avait pas de «risque de pénurie» de carburant pour cette semaine, appelant les automobilistes à ne pas céder à la «panique».

Côté rail, la grève n’était plus suivie lundi que par un faible nombre de cheminots SUD-rail, affectant légèrement en région parisienne le RER E et trois lignes du Transilien (J, L et P). Motivé en premier lieu pour peser sur les négociations en cours au niveau de la branche et à la SNCF sur l’organisation du travail, le mouvement devait retrouver de la vigueur mercredi, avec le retour des grévistes suivant l’appel de la CGT-Cheminots à débrayer tous les mercredis et jeudis. La SNCF communiquera ses prévisions de trafic mardi.

Et en attendant une neuvième journée déjà programmée le 14 juin, d’autres mouvements se profilent: à la RATP, avec un appel de la CGT à une grève illimitée à partir du 2 juin, contre le projet de loi et une hausse des salaires. A gauche, le député frondeur Benoît Hamon a regretté «une posture très cabrée» de Manuel Valls, tandis que pour Cécile Duflot (EELV), «ce qui manque à ce gouvernement, c’est le respect de ceux qui ont voté pour lui».

Le Quotidien/AFP