Le président Emmanuel Macron a qualifié mardi le régime du président vénézuélien Nicolas Maduro de «dictature», lors de son premier grand discours de politique étrangère devant les ambassadeurs français réunis à Paris.
«Nos concitoyens ne comprennent pas comment certains ont pu être aussi complaisants avec le régime qui se met en place au Venezuela. Une dictature tente de se survivre au prix d’une détresse humanitaire sans précédent, de radicalisations idéologiques inquiétantes, alors même que les ressources de ce pays restent considérables», a lancé M. Macron. Le président français adressait ainsi une critique voilée à l’un de ses principaux opposants, le tribun de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon, qui voit en M. Maduro un président progressiste faisant face à une opposition radicalisée, une crise économique et à l’ingérence nord-américaine.
«Je souhaite réfléchir, avec les gouvernements d’Amérique latine et d’Europe, à la manière d’éviter de nouvelles escalades, y compris régionales», a ajouté Emmanuel Macron. Il s’agit d’une des critiques les plus dures d’un dirigeant européen face au pouvoir du Venezuela, pays plongé depuis des mois dans une profonde crise économique, politique et institutionnelle. Le président américain Donald Trump a déjà qualifié le régime en place de «dictature», avant d’impulser des sanctions financières.
Nicolas Maduro, très impopulaire dans les sondages, est confronté à des manifestations régulières de l’opposition qui réclame sa démission, en dénonçant la crise économique et la mise en place d’une Assemblée constituante «fantoche», fin juillet. Cet organisme dont les membres sont issus du chavisme, le courant au pouvoir, s’est emparé des pouvoirs législatifs de l’Assemblée nationale, contrôlée par l’opposition depuis la fin 2015. Près de 130 personnes ont été tuées en quatre mois de manifestations contre le gouvernement.
Onze pays d’Amérique latine et le Canada ont récemment condamné la «rupture démocratique» au Venezuela, s’ajoutant aux critiques de Washington, de l’ONU et de l’Union européenne. Donald Trump a imposé vendredi de nouvelles sanctions au Venezuela –les premières frappant le pays en tant que tel– visant à restreindre l’accès aux capitaux étrangers dont il a un besoin crucial pour éviter un défaut de paiement. M. Trump a signé un décret qui prévoit l’interdiction d’acheter de nouvelles obligations émises par le gouvernement vénézuélien ou la compagnie pétrolière nationale PDVSA. Le Venezuela a dénoncé la «pire agression» qui soit contre le peuple.
La Maison Blanche a exclu toute action militaire américaine au Venezuela à court terme, après des déclarations de Donald Trump évoquant «une possible option militaire si nécessaire». L’armée est le principal soutien du gouvernement socialiste vénézuélien, qui lui a conféré un grand poids politique et économique.
Le Quotidien/AFP