Le Portugal a levé mercredi 3 milliards d’euros de dette à dix ans lors d’une opération marquée par un taux d’intérêt en forte hausse, sur fond de prudence des investisseurs concernant les pays du sud de l’Europe, a annoncé l’Institut de gestion du crédit public (IGCP).
Sous la forme d’un emprunt syndiqué, le Trésor portugais a placé ces obligations arrivant à maturité en avril 2027 au taux de 4,227%, nettement supérieur à celui de 2,973% consenti en janvier 2016, lors de la dernière émission comparable. La demande a été 2,83 fois supérieure à l’offre, légèrement en dessous de celle enregistrée il y a un an, a précisé l’IGCP. Le taux d’intérêt consenti mercredi est le plus élevé depuis que le Portugal est sorti en mai 2014 d’un plan d’aide international qui lui avait permis d’éviter la faillite trois ans plus tôt.
« Le taux obtenu est au dessus du coût moyen de la dette portugaise, qui est de 3,4%. Les conditions auxquelles le pays se finance se sont dégradées », a commenté Filipe Silva, stratégiste obligataire à Banco Carregosa. « En un an, le risque a augmenté, mais il n’y a pas de quoi s’alarmer. L’heure est simplement à la prudence », a-t-il ajouté. Avec cet emprunt, le premier de 2017, l’agence portugaise de la dette a déjà levé un cinquième du montant de son programme d’émissions obligataires pour l’ensemble de l’année, fixé entre 14 et 15 milliards d’euros.
Un emprunt syndiqué permet de limiter les risques en se finançant directement auprès de quelques banques sélectionnées à l’avance. L’opération de mercredi a été conduite par les banques BBVA, HSBC, J.P. Morgan, Morgan Stanley, Novo Banco et Société générale. Comme d’autres pays fragiles du sud de l’Europe, le Portugal est confronté à une hausse des taux de ses emprunts sur le marché secondaire, où s’échangent les titres de dette déjà émis.
Les taux d’emprunt portugais à dix ans sont repassés mercredi en dessous de la barre des 4%, mais ils avaient atteint vendredi leur plus haut niveau depuis février 2016, à 4,051%. Ce regain de tension est dû essentiellement à l’annonce en décembre par la Banque centrale européenne (BCE) de son intention de prolonger son programme de soutien à l’économie d’au moins neuf mois, jusqu’à fin 2017, mais en réduisant ses achats d’actifs à 60 milliards d’euros par mois contre 80 milliards.
Le Quotidien/AFP