L’ancien professionel de l’équipe Cofidis, Tom Flammang, est aujourd’hui tiraillé entre trois fonctions : marchand de cycles à Bertrange, consultant pour RTL et, enfin, directeur sportif de Leopard.
On aura beau gratter. Recouper. Tous les témoignages convergent vers le même constat. Tom Flammang est vraiment «un bon mec», comme nous le diront tous nos contacts. Une sorte de gendre idéal. Bien sous tous rapports. Souvent, dans la conversation, lui se contente, d’un « je suis timide », histoire de ne pas en rajouter lorsqu’on s’inquiète qu’il n’ait pu être influencé ou contaminé par les mauvaises ondes qu’il a pu traverser dans le passé de plomb qu’a connu souvent le cyclisme professionnel de haut niveau aux confins des années 2000.
Il a aujourd’hui 37 ans et garde une ligne fluide quand bien même il prétend avoir de plus en plus de mal à rentrer dans ses jeans. Trois jours après notre rencontre, le vendredi saint en fin d’après-midi, il partait pour Zurich et un havre de paix familial où il aime venir souffler avec Caroline, son épouse, et leurs trois enfants, Jonah, 8 ans, Mathilda, 4 ans et Ina, 1 an. Les moments de détente sont rares lorsqu’on a trois occupations si dévoreuses d’énergie.
Bientôt dix ans qu’il a ouvert son magasin de cycles à Bertrange, histoire de se reconvertir après son passage dans le peloton des professionnels. À l’époque, on s’en souvient, il ne s’était pas posé la question en ces termes. Il lui fallait trouver un boulot et l’amour du cyclisme comme du beau matériel l’avait conduit à cette solution de repli assez stratégique. Certes un peu plus tard, en rejoignant l’équipe allemande Sparkasse, au moment de l’embryonnaire apparition de la division Continental, il avait bien failli remettre le doigt dans l’engrenage, puisque les résultats revenaient. Mais cela ne s’était pas fait. Et au fond, il ne regrettait rien.
« C’est après ma carrière pro que je me suis le mieux entraîné et alimenté »
Longtemps, il a profité de l’hiver et de la saison des cross pour garder une sorte d’illusion du maintien de son corps dans la ouate, hors du temps. Comme s’il s’apprêtait à refaire surface le temps d’une pige qui ne vint jamais. « C’est curieux, dit-il, mais c’est après ma carrière pro que je me suis le mieux entraîné et alimenté. » Les regrets affleurent. Ne tournons pas plus longtemps autour du pot.
Il était rentré dans le métier presque par effraction. « C’était un bon petit coureur, mais de là à imaginer le voir passer chez les pros, oui, j’avais été surpris lorsque j’avais appris. Surpris mais content, car Tom habitait à Mondercange, comme moi, et c’est devenu un de mes compagnons d’entraînement, alors qu’avant son passage, j’étais le seul pro luxembourgeois. Et avec lui, pas de problème, c’est cent pour cent un bon mec », se souvient l’ancien coureur de l’US Postal, Benoît Joachim.
Tom Flammang n’a pas besoin de sonder bien longtemps sa vivace mémoire pour se souvenir d’un épisode qui a marqué sa vie à jamais. « J’avais intégré le cadre élite de l’armée et remporté le championnat national en 1998, explique-t-il. Chez les juniors, j’avais terminé 22e des Mondiaux de Nove Mesto, en Slovénie. Lucien Didier, qui était mon entraîneur à l’UC Dippach, voulait me faire intégrer une équipe amateurs d’élite en France, style Roubaix. Mais pour ça, j’ai dû passer des tests d’effort.
C’était Jean-Jacques Menuet, le médecin de l’équipe Cofidis qui s’en était chargé. Le soir, je rentrais à la maison, lorsque le téléphone a sonné. C’était Menuet. Il m’annonçait que j’avais à peu près les mêmes résultats que David Millar et que, si j’étais d’accord, Cofidis me retenait dans son équipe pro pour la saison qui arrivait. J’avais l’impression de rêver… »
Retrouvez l’intégralité du portrait du jeudi de notre journaliste Denis Bastien dans le Quotidien papier de ce jeudi.